Voeux à la presse

… »La jeunesse, l’émancipation et notre mode de vie ont été attaqués, dans la nuit du 13 novembre. »…

130 morts, et on a tendance à l’oublier, plus de 350 blessés, sans oublier les nombreuses personnes victimes de stress, et de blessures psychiques post-traumatiques.

La jeunesse, l’émancipation et notre mode de vie ont été attaqués, dans la nuit du 13 novembre. 10 mois seulement après les attentats de Charlie et de l’épicerie casher, où là, la liberté d’expression, la laïcité et l’antisémitisme, étaient clairement visés.

Paris, mais aussi le pacte républicain, sort de cette année 2015, debout mais sonné. J’ouvre une parenthèse, mais je tiens à saluer le travail de mémoire entrepris par la presse écrite, au lendemain du 13 novembre. A travers les Mémoriaux publiés dans les colonnes des quotidiens, il était important de mettre des noms, des visages, des parcours, de transformer ces victimes en personnes, emportées par une violence, abjecte et barbare. Par deux fois, la radicalité de la violence, la décote humaine que je dénonce depuis des années, a frappé notre territoire, sans oublier le meurtre odieux de Saint-Quentin-Fallavier. D’année en année, cette montée de la haine va crescendo, dans de nombreuses parties du monde.

Le conflit en Syrie et en Irak, et la crise des réfugiés, ont secoué une Europe divisée, où bien souvent, cynisme et intérêts particuliers ont prévalu. Dans un monde complexe, tendu et imprévisible, la violence aveugle et injustifiable, celle de Daech et de l’islamisme radical, la violence insoutenable de migrants, qui meurent noyés en Méditerranée dans l’indifférence, nous rappellent à l’unité, au devoir de solidarité, et à la cohésion nationale.

Nous devons faire bloc pour ne pas céder aux amalgames, pour ne pas céder aux divisions, que les ennemis de la République et de la laïcité, veulent créer dans notre pays, pour ne pas tomber dans les raccourcis, éhontés et xénophobes, de l’extrême droite. Sous les coups de boutoir endurés cette année, le fil du vivre ensemble est plus ténu qu’il n’y paraît. Il faut bien se rendre compte de ce qui a été fragilisé cette année : c’est le pacte républicain.

Attaqué à l’extérieur, miné de l’intérieur. Les scores sans précédent du Front National aux Régionales, montrent l’ampleur de la crise et de la désespérance des électeurs. Le parti d’extrême droite a totalisé 6,82 millions de voix, améliorant son score du premier tour (6,01 millions de suffrages), et battant son record du premier tour de la présidentielle 2012 (6,42 millions de voix). Ces résultats s’inscrivent après les percées aux européennes, municipales et départementales. Le Front National est enraciné dans tout le territoire, il compte, pour la première fois, un nombre d’élus très important. Il ne surfe plus sur un vote de contestation, mais sur un vote d’adhésion.

C’est cette réalité que les partis de droite et de gauche doivent affronter. Les classes populaires, mais aussi une partie des classes moyennes, rejettent les politiques qui sont menées depuis des années dans notre pays, comme elles avaient rejeté en 2005 l’Europe libérale, qui nous enfonce dans la crise. Car ces politiques se ressemblent toutes, et cette confusion alimente, à n’en pas douter, la dynamique du Front National. Car le libéralisme accentue la perte de souveraineté des Etats, placés sous tutelle et sous la surveillance de l’Europe, de la BCE et du FMI.

Dans ce cadre de crise économique, sociale, citoyenne et politique, et après l’échec du Front de Gauche aux Régionales, la remise en question doit être profonde, pour le parti communiste français. Il doit redevenir visible et lisible, dans le paysage politique actuel, il doit retrouver la force de proposition qui a toujours été la sienne, la volonté de transformer la société, de s’opposer aux forces de l’argent, d’insuffler la citoyenneté, la proximité, et une nouvelle représentativité, au sein d’institutions à bout de souffle.

Le gouvernement n’a donné de son côté aucun signe d’inflexion sociale à sa politique. Le cap reste à l’austérité, un cap qui ne produit aucun résultat. Le taux de chômage a atteint, cette année, un triste record depuis 1997, avec près de 5,5 millions de personnes demandeurs d’emploi. Les exonérations patronales, le crédit d’impôt compétitivité, le pacte de responsabilité, sont sans effet sur l’emploi. J’y reviendrai bien sûr au sujet de Vénissieux, mais les politiques d’austérité imposées aux collectivités territoriales sont, comme on le dénonçait, contre-productives à plus d’un titre. L’hécatombe est déjà en route.

La chute des investissements des collectivités locales est sans précédent : -8% en 2014 selon l’INSEE, – 6,2% en 2015. Les professionnels des Travaux Publics estiment que 15 000 emplois permanents pourraient être détruits cette année. En janvier dernier, 25% des communes envisageaient de réduire leurs subventions au domaine sportif de 25%, et de 95% au domaine culturel. Ces politiques étouffent toute forme de relance, et cassent les leviers de proximité qui nous permettraient, par l’investissement public entre autres, de sortir de la crise. Elles ne répondent pas à l’urgence sociale des Français, en matière d’emploi, de logement, d’accès aux soins, d’éducation et de formation. Pire même, la loi Macron, une loi de régression sociale, prend à rebours toutes les valeurs et tous les combats que la gauche a menés, pour les droits des salariés. Travail de nuit, ouvertures dominicales, où est le progrès, quand les temps partiels, les bas salaires, forcent les hommes, et surtout les femmes d’ailleurs, à cumuler les petits boulots, pour à peine joindre les deux bouts. Et comment va résister le petit commerce, si précieux dans la vie des quartiers ?

Ce n’est pas un réquisitoire que je dresse là, mais un état des lieux qui, à travers le renoncement des politiques à transformer la société, explique en partie la montée du Front National et son corollaire, l’abstention. Comme toutes les villes en France, Vénissieux n’échappe pas à ce contexte d’austérité. Avec la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités, le budget de Vénissieux va perdre 7 millions d’euros d’ici 2017, soit la moitié d’un groupe scolaire.

Nous avons activé trois leviers, pour limiter l’impact à l’égard des habitants, avec l’objectif de réaliser 11 millions d’euros d’économies, pour la période 2016-2019 :

la fiscalité, la mutualisation de certaines missions, et la baisse globale de 5% de l’enveloppe des subventions, pour les associations et régies personnalisées.

L’Etat nous met dos au mur, et nos efforts sont une réponse pour éviter une quasi faillite, ou des recours à l’emprunt qui pénaliserait les prochaines générations de Vénissians. Je n’exagère pas, et je rappelle que deux communes sur trois risquent d’être dans le mur en 2017, selon une étude du Sénat, consacrée à l’évolution des finances locales.

Entre 1 500 et 3 000 communes n’ont pas pu équilibrer leur budget, dès la fin 2015. Nos inquiétudes portent sur la période 2015-2017, mais aussi sur l’après 2017, car nul ne sait si l’austérité, et les coupes drastiques de l’Etat, prendront fin. Nous n’avons à l’heure actuelle aucune visibilité en la matière, pas plus qu’au sujet de la réforme de la DGF, pas favorable a priori, à des villes urbaines comme Vénissieux ou Villeurbanne.

L’autre sujet de préoccupation concerne, à la fois le financement du PNRU 2, et le contexte général des collectivités territoriales. L’enveloppe du PNRU 1 s’élevait à 12 milliards d’euros. Le projet de loi ne prévoit que 5 milliards d’euros, pour le PNRU 2.

Tout l’enjeu de notre budget est de ne pas impacter les habitants, avec des services de proximité a minima, mais d’être également en mesure de maintenir la dynamique de Vénissieux, à travers des investissements d’intérêt général. La marge de manœuvre est étroite, nous le savons, et il nous faut innover, et travailler dès maintenant, à d’autres formes de financement : je citais l’exemple du dispositif PUP, pour les financements de certaines classes du grand projet urbain du Puisoz, le recours à une fondation, pour la création de la Maison des Mémoires…

Ce contexte difficile pour les collectivités, soude l’ensemble de la majorité municipale. Chacun a conscience des effets de l’austérité, des besoins des Vénissians, du maillage social et associatif dans chaque quartier, et tout le monde tire dans le même sens, celui de l’intérêt général.

2015 a été une année où le vivre ensemble a été ciblé et attaqué. Il faut agir à tous les échelons, et le nôtre, celui de la proximité, est fondamental. Le lancement de la commission Laïcité et vivre ensemble, aura lieu le 27 janvier. Elle sera un lieu de débat, de réflexion, d’ouverture et de communication, en faveur de la laïcité, de ce grand principe qui nous protège, au-delà de nos croyances ou non-croyances, de nos confessions ou de nos convictions.

Vivre ensemble, encore et toujours, à travers l’éducation et la culture. Le nouveau groupe scolaire Flora Tristan, le 21ème de Vénissieux, ouvrira ses portes à la rentrée 2016. Une école élémentaire, une école maternelle et un restaurant scolaire, vont voir le jour en centre ville, pour renforcer l’accès aux connaissances et l’émancipation, des jeunes enfants vénissians.C’est là, dans ce creuset de l’école de la République, laïque et gratuite, que se construisent, dès le plus jeune âge, les notions de respect, de tolérance, et d’ouverture au monde.

Le projet éducatif local est un pilier de notre contrat communal. Notre détermination en la matière, est sans faille. A l’heure où certaines municipalités de droite, ou d’extrême droite, profitent de l’austérité, pour régler des comptes avec le milieu culturel, et fermer des festivals, c’est avec une certaine fierté, que nous allons inaugurer, en ce début d’année, un nouvel équipement culturel à Vénissieux : Bizarre, au croisement des cultures urbaines et musiques actuelles.

Renoncer à cette ambition culturelle, ce serait renoncer à une certaine idée de la Ville, tournée vers sa jeunesse, comme lieu d’échanges et de création. N’oublions pas non plus la corrélation positive, entre le développement socio-économique du territoire, et l’implantation culturelle structurelle d’un équipement ou d’un festival, reconduit sur la durée, ce qui est aussi le cas avec Bizarre. Non seulement, ce nouvel équipement comble un vide, mais il s’intègre déjà dans un projet ambitieux.

Labellisé Scène de Musiques Actuelles, Bizarre se retrouve ainsi propulsé aux côtés de l’Epicerie Moderne à Feyzin, le Marché Gare, et le Périscope à Lyon, avec lesquels, des complémentarités et une étroite collaboration, vont se mettre en place. Oui, il y a une vraie fierté d’être au côté de la culture, alors que tant d’autres l’utilisent comme variable d’ajustement, de leurs politiques libérales. Quand on entend Laurent Wauquiez juger le régime des intermittents « inacceptable et pervers », ou encore promettre la fermeture des formations des métiers du cirque et des marionnettistes, la menace à l’égard du monde de la création est claire, explicite et dangereuse.

Vivre ensemble, c’est aussi tout le travail de présentation et de consultation des Vénissians, que nous menons à travers le PLU-H, mais aussi dans le cadre du grand projet du Puisoz. Vivre ensemble, c’est faire en sorte que notre ville renforce sa dynamique économique, et l’attractivité de son territoire, comme l’année 2016 le confirmera, avec la poursuite du développement de notre pôle automobile, le plus important de l’agglomération lyonnaise, ou l’inauguration des nouveaux locaux de l’entreprise Baret, restée fidèle à Vénissieux, et on s’en réjouit !

D’autres événements marqueront les douze mois à venir, tels que les livraisons de l’îlot Romain Rolland, du foyer Langevin, des maisons de la Glunière, de l’avancement de l’îlot B Vénissy. Education, culture, logement, développement économique, Vénissieux continue d’avancer, est portée par des projets structurants, comme le Puisoz par exemple. Je comprends les inquiétudes, j’en prends note, mais je crois qu’une ville comme la nôtre, qui sait d’où elle vient, qui a traversé et surmonté des épreuves, doit continuer de fédérer toutes les énergies, autour d’un urbanisme partagé, concerté, autour de valeurs communes, et d’une culture populaire qui nous rapproche. Malgré le contexte sinistré par des politiques d’austérité, contreproductives et injustes, Vénissieux regarde devant elle, et fera de 2016, une année riche et utile, au service de tous. Contrairement à ce que certains voudraient laisser croire, elle jouera pleinement son rôle, dans le cadre de la Métropole, et elle sera, là encore, force de proposition pour plus de démocratie, plus de citoyenneté, pour renforcer le rôle des communes, au sein de l’agglomération.

Vous serez les premiers témoins de l’actualité vénissiane, et nous avons besoin des médias de l’instant, de l’émotion, mais aussi et surtout, des médias du recul, de l’écrit, en ces temps troubles, où il s’agit de donner du sens à une actualité qui se précipite. L’info-spectacle fait du bruit, dans une course effrénée à l’audience, qui joue sur les peurs. Les citoyens que nous sommes ont, par contre, besoin d’un autre espace de compréhension, celui de la réflexion et de la mise en perspective. On parle beaucoup de recomposition politique, il faudrait aussi parler de recomposition du débat public. Les journalistes que vous êtes, ont un rôle-clé à jouer, dans le renouveau et le renforcement de la démocratie de proximité.

Je vous souhaite, à vous, vos familles et vos proches, une excellente année 2016. Je vous remercie.

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