Voeux à la presse

Présentation des Voeux 2015 à la presse from Michèle Picard on Vimeo.

 

 

Vous pouvez le deviner, j’aurais aimé présenter mes vœux à la presse dans un contexte moins douloureux, mais l’actualité dramatique d’hier nous a tous plongés dans la stupeur et l’effroi. L’attentat qui a pris pour cible la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, est d’une extrême gravité. Je voudrais d’abord adresser ma solidarité et ma peine aux familles des victimes, aux journalistes et aux policiers, qui ont trouvé la mort dans un attentat d’une barbarie et d’une lâcheté sans nom. L’incendie des locaux de Charlie Hebdo en novembre 2011, déjà inacceptable en soi, n’était donc que le préambule à un carnage odieux. C’est l’esprit de la République, et ce sont les fondations de la démocratie, qui ont été visés hier. Toucher à la liberté d’expression, à la liberté de penser, à la liberté de la presse, au pluralisme et à la laïcité, c’est toucher au cœur de nos principes républicains. La France, de par son histoire, de par son attachement séculaire, à la presse satirique et humoristique, a aujourd’hui perdu le sourire.

Sans tomber dans les amalgames, elle saura être unie et forte, pour faire face à cette haine absolue. Voilà les quelques mots que je tenais à vous adresser personnellement et à l’ensemble de votre profession sous le choc, avant d’évoquer avec vous l’actualité présente.

Rigueur et austérité. Austérité et rigueur. Si le vocable change, le libéralisme poursuit sa course et ses ravages. J’ai envie de dire en ce début d’année : où est le projet collectif, où est la part de rêve qui permettrait de sortir par le haut de cette crise ? Pas dans les politiques actuelles, pas dans la soumission perpétuelle au monde de la finance.

Rigueur, austérité, et surtout ce sentiment terrible de fracture, entre les Français et ceux qui les gouvernent. Ils n’y croient plus, pas plus dans les promesses oubliées de François Hollande, que dans le changement de leur quotidien. Ce désaveu porte en lui de sérieuses menaces : elles ne sont pas devant nous, elles sont parmi nous. Montée de l’abstention à chaque scrutin ; poussée de l’extrême droite et du Font National qui, je le rappelle, est arrivé en tête des élections européennes en France ; un repli nationaliste et populiste qui se confirme dans les pays nordiques, en Angleterre, partout en Europe.
La cote d’alerte est dépassée depuis longtemps. Les politiques d’austérité créent un mélange explosif de colère et de ressentiment, d’injustice profonde, et d’envie d’en découdre. Près de neuf Français sur dix (87%) considèrent que les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout, de ce que pensent les gens comme eux. 69% des personnes interrogées estiment que la démocratie en France ne fonctionne pas très bien, ou pas bien du tout, contre 48% en 2009. Jamais une défiance pareille n’avait atteint de tels sommets, cela donne une idée de la crise économique, civique et culturelle que traverse notre pays. Cette défiance s’exprime aussi à travers une violence verbale préoccupante (à Vénissieux comme ailleurs, les attaques deviennent personnelles, déconnectées du débat public), à une violence aveugle insoutenable, à une banalisation d’actes irresponsables, et nous en avons payé un très lourd tribut dans notre ville, avec la disparition tragique de Yassine Zobiri. Ce délitement de notre société, et cette perte du sens de l’intérêt général, profitent à ceux qui en instrumentalisent les peurs, à savoir le Front National. Il faut se méfier des comparaisons historiques, mais le climat actuel n’est pas sans rappeler, le climat des années 30, et les forces progressistes doivent en prendre conscience et agir face à des périls bien réels.

Plus de 30 ans de désindustrialisation, plus de 30 ans de casse des usines, des entreprises, casse des lieux collectifs, où les savoir-faire se transmettent, voilà le résultat : une société atomisée, sans repères ni idéal, une société qui se radicalise.

Nous demandons, depuis des années, une rupture avec les politiques en vigueur, rupture avec les politiques libérales de l’Europe, sans visage ni proximité, rupture avec les dogmes libéraux qui détruisent les services publics, la culture, la santé, l’éducation, rupture avec cet éloignement des centres de décisions, qui rongent la citoyenneté. Rupture enfin avec cette déshumanisation de nos sociétés, qui ferme les portes d’un avenir à la jeunesse, qui isole dans le dénuement, les personnes âgées et les plus fragiles, qui fabrique de la précarité, de la pauvreté, des replis identitaires.

Et que fait-on ? On continue de s’engager dans l’impasse libérale. Malgré les alertes des économistes, le gouvernement Valls présente le tournant de la rigueur, comme la seule politique possible et indépassable. Le chômage atteint des niveaux record, et bien, on persévère dans l’austérité ! On dit stop aux dérives libérales, la prochaine loi Macron en est le fac-similé !

Assouplir la législation sur le travail de nuit, étendre le travail dominical, à qui fera-on croire qu’il s’agit là d’avancées sociales et progressistes ? Remettre en cause les seuils sociaux dans les entreprises, à qui fera-t-on croire que les droits des salariés seront alors mieux défendus, le dialogue plus équilibré et concerté ? Personne n’est dupe : la logique est libérale, le MEDEF impose ses vues, et les plus modestes, les plus fragiles, mais aussi une grande partie des classes moyennes, payent la facture. Au-delà de cette loi Macron et du dogme de l’austérité auquel je m’oppose, au-delà du reniement grave des valeurs de gauche qui sont les nôtres, cette soumission au libéralisme entretient l’idée dévastatrice que toutes les politiques sont identiques, loin des difficultés quotidiennes des Français, loin de leurs réalités. La confusion et le désarroi social règnent, terreau idéal pour l’extrême droite.

Comme toutes les villes en France, Vénissieux se voit imposer les politiques d’austérité du gouvernement. La chute des dotations de l’État va entraîner une perte de sèche de 7 millions d’euros dans notre budget, d’ici 2017. C’est considérable et sans précédent. A ce contexte d’étranglement des finances des communes, s’ajoute la création, depuis le 1er janvier, de la Métropole.

Le risque est grand que l’éloignement des citoyens des centres de décision creuse, un peu plus encore, le fossé entre les habitants et l’aménagement de leur ville, de leur agglomération. Vénissieux a occupé toute sa place dans le Grand Lyon, elle le fera dans le cadre de la Métropole aussi. Je ne m’oppose pas frontalement à la mutualisation de certaines missions, mais je serai très vigilante au sujet de l’exercice et de l’équilibre du pouvoir, entre la ville-centre et les villes-périphérie. Les communes doivent rester la première maison du pacte républicain, et non devenir une chambre d’enregistrement, vidée de ses compétences et de sa substance. Il est faux de croire que la Métropole résoudra tout en un claquement de doigts. Cet argument tient plus de la vente promotionnelle que d’un discours raisonné. L’austérité frappe toutes les villes de l’agglomération, elle va frapper aussi la Métropole. Des projets d’équipement structurant vont être ajournés, voire enterrés, tandis que des missions, qui touchent au quotidien des habitants, vont être rognées. Deux exemples récents pour étayer mon propos : la mise en veille du projet de la  préfabrique opéra, après le retrait du financement de Lyon, et l’enveloppe des travaux de voirie du Grand Lyon 2015, en baisse de 15% pour la ville de Vénissieux, etc.

Toute la contradiction des politiques d’austérité est là : on ne va pas relancer l’activité économique, mais la contracter, un remède pire que le mal. En 2014 et en 2015, selon la banque postale, le recul des investissements des collectivités territoriales est estimé à 15% ! Pour les entreprises et le BTP, c’est l’équivalent d’une perte de croissance de 0,2% par assèchement de leur carnet de commandes. Les collectivités doivent continuer d’être un levier de la relance, mais c’est ce rôle pivot pour l’économie, la culture et l’emploi de proximité, que l’austérité met à mal !

Dans ce contexte difficile, la majorité municipale fait bloc avec détermination, pour garantir aux Vénissians la présence des services publics de proximité dont ils ont tant besoin, et continuer d’investir dans des projets structurants, qui servent l’intérêt général de notre ville. Je peux vous dire que notre équipe est soudée, volontariste, légitimée aussi par la victoire de mars 2014, que la droite revancharde et réactionnaire n’a jamais acceptée. Les épreuves nous rendent plus forts, et quelle que soit la décision du Conseil d’Etat, rien n’ébranlera nos convictions et notre énergie, pour aider tous les Vénissians. Notre équipe est là pour servir Vénissieux, pas pour nous en servir, ni même pour servir de quelconques ambitions personnelles.

Elle est au travail, avec un programme et un plan de mandat clair, elle est au travail pour faire avancer, ensemble, tous les quartiers, elle est au travail pour construire une ville plus humaine, pour bâtir l’avenir, pas pour participer à une campagne de dénigrement systématique, stérile, mensongère et caricaturale. Ce plan de mandat, il est déjà amorcé. Les constructions du nouveau groupe scolaire du Centre et de la nouvelle cuisine centrale sont actées. Elles illustrent notre volonté de garder une maîtrise publique d’enjeux aussi importants, que l’éducation et la santé. Même détermination d’ailleurs au sujet de la petite enfance, avec l’inauguration de la crèche Saperlipopette le 24 janvier, qui voit la création de 12 places supplémentaires, portant le nombre total de places d’accueil à 24. 80 familles sont désormais utilisatrices de la structure, contre 30 auparavant.

Depuis le 1er janvier, le passage à plus de 50% d’énergies renouvelables de notre chauffage urbain, a permis la baisse de la TVA de 19,6 à 5,5, pour les quelque 11 700 usagers du réseau.

Une bonne nouvelle, suivie d’une autre : le laboratoire Carso va ouvrir ses portes, le long du boulevard urbain sud, en ce début d’année, avec plus de 550 emplois à la clé, et l’ambition annoncée d’atteindre le nombre de 700 salariés, dans les prochaines années.
Dans le même esprit de défense de l’emploi de proximité, nous allons signer la charte de coopération, entre la ville de Vénissieux et des entreprises présentes sur notre territoire, lors de nos prochaines journées Forum Emploi Industrie-BTP-Environnement. Objectif : créer des passerelles, et rapprocher les jeunes vénissians du monde du travail.

Education, santé, énergie, emploi, culture, sport, citoyenneté, nous agissons pour que Vénissieux appartienne toujours plus aux Vénissians. L’élection des nouveaux délégués de quartier, même si je regrette une participation trop faible à mes yeux, va nous permettre d’engager un travail de concertation par thèmes (en commençant par le PLUH), et de renforcer le sens de l’intérêt général. En matière de sécurité, un travail sérieux, en profondeur, mené de front avec tous nos partenaires (la police nationale, municipale, les bailleurs), se poursuit.

Là encore, la majorité municipale affiche une volonté forte, sans aucune compromission : il n’y a pas de zone de non droit sur l’ensemble de notre territoire.

La récente agression d’un animateur de l’Equipement polyvalent jeunes Pyramide, illustre la montée de la violence aveugle au cœur de notre société, dont je parlais. Il ne faut pas la banaliser, mais la dénoncer et la combattre, en réaffirmant la primauté du pacte républicain, dans tout l’espace public. Cette continuité territoriale à laquelle je tiens tant, je viens de la défendre dans le cadre de la désignation des quartiers prioritaires, du nouveau programme national de renouvellement urbain. J’avais demandé à inscrire Barel, en élargissant le périmètre jusqu’à Duclos, comme quartier prioritaire. L’absence du quartier dans le dispositif Anru m’a alertée, et j’ai fait part de mes vives inquiétudes au Ministre de la Ville, Monsieur Patrick Kanner. Il nous a entendus, et le quartier Barel-Duclos, avec l’extension demandée, figure désormais dans la liste des quartiers prioritaires. C’est une première étape capitale, aussi bien pour les habitants, que pour le renouveau de Barel-Duclos. Nous attendons de connaître maintenant les financements prévus à ce sujet.

Voilà, merci à tous d’être venus ce matin alors que votre profession subit un choc effroyable, sans précédent dans l’histoire de notre pays.

Même s’ils paraissent dérisoires, je tiens à vous souhaiter mes meilleurs vœux, et à défendre, ensemble, la liberté de la presse.

Je vous remercie.

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