Retour sur le génocide de Srebrenica du 11 juillet 1995

20 ans se sont écoulés. Des milliers de familles pleurent toujours leurs disparus, massacrés pendant l’un des épisodes les plus traumatisants de la guerre en Bosnie.

Srebrenica, enclave musulmane abandonnée pour des raisons diplomatiques et politiques, située en territoire Serbe, a été le théâtre d’un génocide qui a duré une dizaine de jours. 8000 hommes de 15 à 65 ans habitant en zone de sécurité des Nations Unies ont été lâchement exécutés. Les exactions débutées le 11 juillet 1995, se sont déroulées sans que l’ONU ni même les capitales occidentales n’aient bougé d’un iota.

Dans une ex-Yougoslavie en guerre, les casques bleus hollandais s’installent en périphérie de Srebrenica dans le but de protéger les populations des attaques de l’armée serbe de Bosnie-Herzégovine.  Or, depuis plusieurs mois, les services de renseignements de l’ONU, savent pertinemment que Srebrenica va tomber. Ils connaissent la détermination de Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie et de son complice et leader politique, Radovan Karadzic. Dès l’annonce de cette offensive, la population s’empresse de fuir la ville. Elle est rattrapée par l’armée Serbe. Tout ce qui représente le sexe masculin est passé au peloton d’exécution. Se déroulent alors des scènes de l’enfer qui vont s’inscrire en lettre de sang sur les pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité.

A cette même période, le Village de Zepa est en train de subir un sort identique dans l’indifférence occidentale totale. Pire, parce que ces territoires représentent un obstacle au plan de paix, les dirigeants occidentaux font tout pour étouffer ce qui est en train de se produire. Ils ont besoin à n’importe quel prix, de la coopération du  Président de Serbie Slobodan Milosevic, jusqu’aux élections présidentielles, afin de maintenir la paix en Bosnie.

20 ans se sont écoulés depuis ce jour funeste où la barbarie a ressurgi, volant des milliers de vies innocentes. Plus de 1000 enfants ont été lâchement tués, certains d’entre eux, arrachés à leur école, avaient encore entre les doigts, les crayons de couleur avec lesquels ils étaient en train de dessiner. Ils ont été assassinés pour une unique raison : ils étaient bosniaques et musulmans ! Le pire massacre en Europe depuis la seconde guerre mondiale.

A nos frontières, au cœur de l’Europe, les démons du politico-religieux se sont acharnés sur les populations civiles. Cela s’est passé dans la terreur, sous le regard impuissant de la communauté européenne. Des viols et des exécutions sommaires ont été perpétrés par des combattants sans scrupules et sans morale.

20 ans plus tard, les plaies restent béantes. Il reste toujours plusieurs charniers, ici et là, à exhumer. Les survivants, les familles n’arrivent pas à faire leur deuil et continuent de lutter contre le silence et l’indifférence.

« La liberté consiste à savoir que la liberté est en péril. Mais savoir ou avoir conscience, c’est avoir du temps pour éviter et prévenir l’instant de l’inhumanité »

Emmanuel Lévinas, Philosophe

Le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a établi, en 2004, qu’un génocide avait été commis à Srebrenica.  A ce jour, il a entendu plus de 1000 témoignages et condamné 14 personnes pour crimes contre l’humanité. Les procès de Radovan Karadzic et Ratko Mladic, sont actuellement en cours.

Pour que nos jeunes générations puissent s’affranchir du lourd héritage que nous leur léguons, elles doivent avoir la volonté de combattre ces idéologies de mort et de haine. C’est à cette seule condition qu’elles parviendront à bâtir un monde de tolérance, de liberté, de justice et de fraternité.

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Vidéo de 15mn39s réalisée par le TPIY dans le cadre du 20ème anniversaire du génocide de Srebrenica intitulée « Le TPIY se souvient : le génocide de Srebrenica »

 

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