Remise des cartes d’électeur aux jeunes de 18 ans

… »Voter, c’est donc aussi entrer dans la longue histoire de notre pays, c’est donner un prolongement et un écho aux combats, que des générations entières ont menés, pour jouir de cette liberté fondamentale. »…

C’est un moment qui va compter dans votre vie citoyenne. Premier passage dans l’isoloir, premier bulletin glissé dans l’urne, premier « A voté », premier émargement dans le registre des inscrits. Pour tout dire, avec l’âge et le recul, on se souvient toujours de son premier vote, de la nature des élections, de l’année et du candidat sur lequel son choix et sa confiance se sont portés.

Ce geste simple, c’est le geste d’entrée en démocratie, mais aussi le geste d’attachement à nos libertés civiques, à nos libertés de pensée, d’expression. Un geste fondamental, un geste, et je pense notamment aux femmes, qui n’a été autorisé encore que très récemment, dans certains pays, et qui n’a pas une si longue histoire que ça, en France. Les Françaises furent parmi les dernières femmes du monde occidental, à acquérir le droit de vote, accordé en 1944. Le 29 avril 1945, à l’occasion d’élections municipales, elles peuvent enfin exprimer leur choix librement, et ouvrir les portes d’une société, jusqu’alors cloisonnée. C’était il y a tout juste 70 ans, c’était à peine hier.

Voter, c’est donc aussi entrer dans la longue histoire de notre pays, c’est donner un prolongement et un écho aux combats, que des générations entières ont menés, pour jouir de cette liberté fondamentale.

Sous la monarchie, le vote était restreint. En 1799, sous le Consulat, la complexité des règles électorales faisait, que ce suffrage n’avait d’universel que le nom. A la Restauration, retour au système censitaire, où seuls les plus riches sont en droit de voter. 1848, la République met en œuvre le rétablissement du suffrage universel, réservé aux hommes certes, mais voter, et ce sera là, la conclusion de mon bref historique, c’est aussi appartenir au pacte républicain.

Il n’est pas de mon ressort de vous dire pour qui voter, mais d’aller voter. Pourquoi ? Parce que c’est votre société, votre avenir, qui se dessine dans les urnes. Et s’abstenir ou s’en désintéresser, c’est laisser les autres décider à votre place, le pire des scénarios. Parce que, et chacun de vous, ici présent, en est conscient, il faut donner corps à ses idées, à ses convictions, il faut agir sur le monde qui nous entoure, il faut peser sur les modèles économiques, sociaux, qui régissent nos modes de vie et nos conditions de travail.

Voter, c’est être en prise directe avec son siècle, avec son pays, avec sa ville, avec son quartier, c’est défendre son droit, sa liberté individuelle, et prendre conscience en même temps, des devoirs qui nous incombent.

La démocratie, pour se régénérer, a toujours eu besoin de sa jeunesse. Il ne vous aura pas échappé, que les taux d’abstention en France atteignent des seuils catastrophiques, j’ai presque envie de vous dire dramatiques.

A chaque élection, des records sont battus, depuis maintenant 30 ans, quel que soit le scrutin. Lassitude, colère, indifférence, défiance, résignation, dans certains quartiers, près de 65% des votants boudent les urnes. Et c’est le cas aussi, il faut regarder les choses en face, à Vénissieux. Au 1er tour des législatives de 2012, au niveau national, 66 % des 18-24 ans se sont abstenus, contre 42,8% pour l’ensemble de la population. Le péril est très prononcé chez les jeunes, à l’heure où, au contraire, ce sont vos rêves, vos envies, vos énergies qui devraient faire bouger les lignes, renouveler les pratiques politiciennes, et redonner du souffle à nos institutions républicaines.

Vous êtes les garants et l’avenir des libertés en France, vous en êtes aussi, les messagers auprès de vos copains, de vos copines, que vous devez convaincre, et auxquels vous devez rappeler, que l’abstention fait le jeu des opportunistes, des arrivistes, et des populistes. Cette abstention livre votre société à des mains incertaines.

J’ai l’habitude de dire que la démocratie, ça se transmet, ça s’apprend également. La Ville de Vénissieux a fait du passage à la citoyenneté, un de ses piliers pédagogiques. La création du Conseil Municipal Enfants, les équipements polyvalents jeunes, les conseils de quartiers, qui vous sont ouverts, cette cérémonie de citoyenneté, tout un dispositif est en place, pour accompagner l’enfant vers sa majorité civique.

En 2015, vous avez été 643 nouveaux jeunes électeurs de notre commune, à avoir été inscrits automatiquement, sur les listes électorales.

Cette année à titre exceptionnel, 492 cartes ont déjà été remises, pour permettre aux jeunes ayant eu 18 ans entre le 1er mars 2015 et la veille du scrutin des élections régionales, de voter les 6 et 13 décembre dernier. C’est pourquoi, seulement 151 jeunes majeurs (ayant eu 18 ans entre le 6 décembre 2015 et le 29 février 2016), sont concernés par cette cérémonie de remise de la carte électorale. Vous connaissez vos droits, vous connaissez vos devoirs, un livret du citoyen va vous être remis, pour les détailler et les renforcer.

Mais surtout, vous avez compris, par vos propres réflexions et vos profondes convictions, que voter, c’est le moyen le plus démocratique, de prendre en main son destin.

Je vous remercie et je vous félicite.

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