Présentation des vœux au personnel de la ville

Je le dis chaque année, mais il est des vérités qu’il faut savoir rappeler : vous êtes les acteurs du pacte communal qui nous lie avec les habitants. L’équipe municipale sait qu’elle peut s’appuyer sur des services et des personnes, attachés à l’intérêt général. C’est pour nous, capital et essentiel.

Ce début d’année a été marqué par une actualité dramatique. Dans les locaux de Charlie Hebdo, chacun de nous a perdu une part de liberté, la liberté de pensée, la liberté de s’exprimer, la liberté de rire aussi. Ce sont les valeurs républicaines (le vivre ensemble, la laïcité, la tolérance, le respect de l’autre, le droit à la sécurité), qui ont été attaquées lors de cet attentat lâche et barbare. Nous devons faire preuve de cohésion là où ils veulent, par la violence et la terreur, semer la haine et la division. Nous ne devons pas tomber dans les amalgames, ni céder à la peur.

Nous devons rester unis et solidaires, pour défendre notre bien le plus précieux : la démocratie et la République.

En ces temps d’actualité lourds et sinistres, j’aimerais au préalable remercier chacun d’entre vous, et saluer les marques de solidarité et d’empathie qui se sont exprimées, à l’occasion du décès de Yassine Zobiri. Tous les services, tous les agents, toutes les professions, ont fait preuve de cohésion et d’un grand sens à la fois de professionnalisme et d’humanité, dans un moment dramatique et douloureux.

Oui, les services publics de proximité forment une belle et grande famille. Soudée, dévouée, diversifiée, une famille qui ne serait pas repliée sur elle-même, mais ouverte à l’autre, une famille à l’écoute des attentes et des besoins des Vénissians. Jamais l’urgence sociale des habitants n’a été aussi prononcée dans notre commune, comme dans toutes les villes populaires. Vous y faites face avec attention, générosité, dignité et compétences. Ces gestes de tous les jours, sachez que les Vénissians y sont sensibles, et ils savent qu’ils peuvent compter sur vous.

Le mot qui me vient à l’esprit, c’est fierté. Fierté d’agir pour l’intérêt général. Fierté de renforcer le lien social.

Fierté d’œuvrer et de contribuer à l’essor de Vénissieux. Fierté d’ouvrir les activités de la ville au plus grand nombre. Ne vous trompez pas, l’arrivée des nouveaux habitants n’est pas liée au hasard : les familles trouvent un logement accessible, mais aussi un réel maillage des services publics de proximité, dans tous les quartiers, des équipements de qualité, des associations dynamiques, un cadre de vie qui s’améliore.

Tous ces éléments comptent dans le choix de devenir Vénissian, et ces éléments, c’est vous qui les portez au plus près des habitants, vous les incarnez, vous les animez, vous en êtes le visage.

Ce mot fierté, il fait partie de notre identité vénissiane, des combats menés tout au long de notre histoire contre les injustices, les inégalités, les discriminations, l’isolement, les replis.

Oui, fierté aussi de brandir la qualité de nos services publics, contre les discours de dénigrement, les discours populistes, que le libéralisme colporte. C’est facile de dire que les services publics coûtent trop cher, quand seuls ses propres intérêts privés comptent. C’est facile de dire qu’il y a trop de fonctionnaires en France, quand on se contrefiche du sort des plus fragiles, et de la justice sociale.

Mais qui est là pour accompagner l’éveil des tout-petits, éduquer les jeunes vénissians, c’est vous. Qui est là pour favoriser l’accès à la culture, aux activités sportives, c’est vous. Qui est là pour rendre notre ville plus propre, pour entretenir ses espaces verts et aires de jeux, c’est vous. Qui est là pour garantir la sécurité des habitants, les accompagner dans leurs démarches, prêter du temps et de l’attention à nos aînés, c’est vous. La crise a accentué les tensions et difficultés dans notre société. Beaucoup d’entre vous y font face, toujours avec calme et patience. Il ne faut pas banaliser ces actes parfois violents, irresponsables, la récente agression d’un animateur de l’EPJ Pyramide est là pour nous le rappeler.  J’y suis très vigilante, et je resterai ferme à ce sujet : le droit à la sécurité est un droit inaliénable pour tous, habitants comme agents.

Si les Vénissians comptent sur vous, vous pouvez aussi être assurés de compter sur une équipe municipale déterminée. Très déterminée même, à ne pas céder ses services publics au tout marchand, à ne pas livrer des secteurs clé (éducation, santé, culture, sport, droit à la tranquillité) aux logiques du privé. Ce serait contraire à notre histoire, à notre patrimoine, à nos engagements et valeurs, à notre volonté collective de vivre dans une ville plus humaine, plus solidaire, plus tolérante.

Nous n’avons pas de complexes à nourrir, mais de la fierté à ressentir. Car la crise serait plus dure encore pour les Vénissians, sans la présence de tous nos agents mobilisés sur le terrain. La continuité territoriale serait plus fragile, nos quartiers moins dynamiques, la culture, la création, le sport moins partagés, moins fédérateurs.

Je le dis chaque année, mais il est des vérités qu’il faut savoir rappeler : vous êtes les acteurs du pacte communal qui nous lie avec les habitants. L’équipe municipale sait qu’elle peut s’appuyer sur des services et des personnes, attachés à l’intérêt général. C’est pour nous, capital et essentiel.

Je sais aussi que les fonctionnaires, de toutes les collectivités territoriales, font part de très vives inquiétudes. Je les entends, je les comprends, je les trouve d’autant plus légitimes, que les combats des collectivités locales, de la qualité des services publics et du statut des fonctionnaires, ne forment à mes yeux, qu’un seul et même combat : celui du vivre ensemble, celui d’un aménagement du territoire plus juste au sein des grandes agglomérations. Les politiques d’austérité, outre le fait qu’elles ne constituent pas un projet de société, s’avèrent contre-productives. Qui les subit de plein fouet ? Les habitants et les fonctionnaires, avec un pouvoir d’achat en chute libre.

Le gel des salaires de la fonction publique a été annoncé jusqu’en 2017, la dernière augmentation du point d’indice de 0,5%, remonte maintenant à 2010 ! Mise à part une petite revalorisation pour les agents de catégorie C, cela signifie 7 années consécutives de statu quo, alors que le coût de la vie n’a cessé d’augmenter.

Dans ce contexte de perte de pouvoir d’achat, la Ville de Vénissieux a choisi, au contraire, de revaloriser le régime indemnitaire, et de procéder à une hausse de la part employeur à la protection sociale complémentaire de ses agents. Deux bouffées d’oxygène dans le cadre d’un budget sain, mais pas extensible à souhait.

Il n’empêche, notre priorité, c’est bien les services publics et la fonction publique, ce que le budget 2015 garantit, malgré des contraintes de plus en plus lourdes, des contraintes qui deviennent insupportables. Vous le savez, la cure d’austérité, imposée par Bruxelles et le gouvernement, va faire perdre à Vénissieux 7 millions de recettes d’ici 2017. Soit l’équivalent d’une moitié d’un groupe scolaire ! Du jamais vu ! L’austérité frappe sans discernement le budget de toutes les collectivités territoriales, et je peux vous dire que les maires, de droite comme de gauche, ont exprimé leur colère face à ces politiques aveugles et sourdes, à l’urgence sociale des habitants.

En creux, ce sont nos politiques de proximité (social, culture, sport), nos services publics et la vitalité du milieu associatif qui sont, au mieux fragilisés, au pire menacés. Et au bout de la chaîne, les populations seront doublement pénalisées. Pénalisées sur le plan national, avec la précarité et la perte de pouvoir d’achat, comme seul horizon, pénalisées dans leur quotidien. J’en veux pour preuve l’enveloppe des travaux de voirie du Grand Lyon 2015 pour la ville de Vénissieux : moins 15% par rapport au budget 2014. On est là dans le concret, qui touche aussi bien à la vie de tous les jours à Vénissieux, que la réalisation d’équipements structurants à l’échelle de l’agglomération, la mise en veille de la pré fabrique opéra en témoigne.

En termes d’aménagement de nos territoires, l’austérité va provoquer des dégâts. En 2014 et en 2015, selon la banque postale, le recul des investissements des collectivités territoriales est estimé à 15% ! Pour les entreprises et le BTP, c’est l’équivalent d’une perte de croissance de 0,2% par assèchement de leur carnet de commandes. Emplois de proximité, développement des villes, cadre de vie des habitants, services publics a minima : ce n’est pas sous le diktat libéral de l’austérité, que nous imaginerons une sortie de crise, l’explosion du taux chômage en est la preuve flagrante.

L’autre grande inquiétude du personnel est liée à la réorganisation territoriale en cours. Lyon en est l’épicentre, avec la création de la Métropole, l’absorption d’une partie du département, et la fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes. Les agents ne sont pas les seuls à en redouter les conséquences, dans les milieux culturels, associatifs, sportifs, la peur de ne pas pouvoir boucler son budget, et pour certains de disparaître, est forte. Quelle répartition des compétences, quelles contreparties financières, quelles missions et conditions de travail pour le personnel, avec quelle préservation des acquis aussi ?

Quid des politiques sociales, culturelles, quels équilibres et quelle continuité entre les zones rurales, péri urbaines et les agglomérations, entre la ville centre et les villes périphérie : autant d’interrogations que nous partageons tous, autant de craintes légitimes de voir les politiques de proximité rognées, puis peu à peu abandonnées. La folle course à la concurrence, entre Métropoles européennes, ne doit pas transformer les communes en simples chambres d’enregistrement. Car n’oublions pas que la première porte d’entrée du pacte républicain, c’est la mairie.

N’oublions pas que l’éducation, la citoyenneté, la tolérance, les solidarités, l’accès aux connaissances, au sport à la culture commencent dans nos villes, dans nos quartiers, et s’y implantent grâce à nos services publics. Ne créons pas de l’éloignement là où il faut être toujours plus près des réalités de terrain, des besoins, des attentes et des propositions des habitants.

Malgré ce contexte difficile et incertain, la ville de Vénissieux, à travers son budget 2015, a réaffirmé la nécessité et le maintien de services publics de proximité, dans tous nos quartiers. Notre détermination est intacte, car vos missions rapprochent les habitants, créent du lien social et de la cohésion territoriale.

Elles font de Vénissieux une ville d’additions, et non de divisions, une ville fière de son histoire, et déjà tournée vers son avenir. Vous pouvez compter sur une équipe municipale soudée, déterminée, une équipe au travail, une équipe que les épreuves rendent plus forte, une équipe qui se bat pour le vivre ensemble, et le sens de l’intérêt général.

Vénissieux hier, Vénissieux demain, et toujours, de génération en génération, des hommes et des femmes dévoués au service de l’intérêt général. Alors oui, bravo, bravo pour tout ce vous donnez, tout ce que vos compétences contribuent à renforcer, toutes ces humanités sans lesquelles une ville n’aurait ni mémoire, ni visage, ni identité.

A travers moi, ce sont les Vénissians qui vous adressent ce message d’espoir et de reconnaissance. Je vous souhaite à tous et à toutes, à vos familles et à vos proches, une excellente année 2015.

Je vous remercie.

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