Ouverture des Musicianes 2016

… »Vouloir pratiquer l’éducation populaire, c’est prendre des risques, c’est remettre toujours en question les habitudes et les cadres. »…

La musique est un plaisir en lui-même. Vous pourriez me dire que ce n’est pas nouveau. Que cela a même fait l’objet d’une étude scientifique, très sérieuse, de l’université de Montréal…une histoire de neurotransmetteurs… C’est vrai, vous auriez raison, le plaisir de la musique est ancestrale et universel. Mais le plaisir réside aussi, dans le simple fait d’être là, ce soir, ensemble et conscients. Conscients que la musique est aussi un combat, un étendard.

Après les évènements de 2015 où le vivre ensemble a été attaqué, nous avons, plus que jamais, raison de multiplier les occasions de brandir cet étendard. Pour rester dans le domaine de la science, je reprendrais ces mots d’Albert Einstein « Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire !».

Nous sommes ici, ensemble, et conscients de former une grande famille culturelle. Celle qui donne, celle qui défend la musique et l’art pour tous, celle qui cherche l’émancipation, celle qui se nomme éducation populaire depuis la révolution française de Condorcet, jusqu’à Franck Le Page, en passant par le Front Populaire.

Vouloir pratiquer l’éducation populaire, c’est prendre des risques, c’est remettre toujours en question les habitudes et les cadres. C’est aussi, et surtout, construire ensemble le fait culturel, encourager la puissance d’agir, à partir du vécu de chacun.

Depuis 8 années consécutives, c’est le pari que relèvent les Musicianes et l’Ecole de musique Jean-Wiener. Pendant une semaine se succèderont dans la ville, ateliers ouverts à tous et concerts, avec la participation des élèves et de leurs enseignants, ainsi que d’artistes invités. Les Musicianes que nous ouvrons ce soir, comme toutes les actions culturelles de Vénissieux, s’appliquent à rapprocher la culture du plus grand nombre, combattant l’idée que la musique serait une discipline élitiste, combattant aussi sa marchandisation.

Ici, la musique est participative. Ce soir, Le bel excentrique est une production de l’Ecole de musique et du Théâtre de Vénissieux avec, sur scène, aux côtés des artistes et des professeurs de l’école de musique, les élèves de l’orchestre d’harmonie. Quelle meilleure formation pour les élèves que de jouer aux cotés des artistes ?

Ici, la musique est interactive, avec les deux installations sonores créées spécialement pour les Musicianes, que vous avez pu découvrir avant le spectacle, et qui iront dans les Maisons de l’enfance, pour faire découvrir la création musicale aux plus jeunes, stimuler leur curiosité, et les ouvrir sur le monde et sa diversité. Voilà le sens de l’action culturelle que nous développons à Vénissieux, depuis des décennies.

Ici, la musique est expérimentale, avec les ateliers ouverts à tous, pour pratiquer et découvrir.

Ici, la musique est partage avec une thématique 2016 « cabinet des sonorités », dans l’esprit du cabinet des curiosités de la renaissance.

Mais ici, comme ailleurs, la musique et plus largement la culture, sont fragilisées par des politiques budgétaires nationales. Avec la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités, le budget de Vénissieux va perdre 7 millions d’euros d’ici 2017. En janvier 2015, un quart des communes envisageaient de réduire leurs subventions au domaine sportif de 25%, et de 95% au domaine culturel. Nous aurons donc à relever, ensemble, le défi de trouver les leviers qui nous permettrons de faire face ; sans renoncement, à notre légitime ambition culturelle.

Du côté de la région Rhône Alpes, partenaire de certaines de nos initiatives, comme nos résidence d’artistes, nous serons vigilants, à la politique culturelle portée par Laurent Wauquiez, qui juge le régime des intermittents « inacceptable et pervers », et qualifie les formations des métiers du cirque et des marionnettistes, de fantaisistes, proposant de « les fermer afin d’ouvrir des formations débouchant sur des vrais jobs »…Monsieur Wauquiez, il n’y a pas de spectacle sans artiste, il n’y a pas d’art sans artiste, et pour citer le réalisateur Xavier Dolan, « sans art, une société s’effondre puis s’efface ».

Du côté de la Métropole, nous serons attentifs, à ce que notre identité culturelle vénissiane, populaire et diversifiée, ne se dilue pas, mais bien au contraire, reste offensive et rayonnante, à l’heure où certains, profitent de l’austérité, pour régler des comptes avec le milieu culturel, et ferment des festivals.

Aussi, je suis heureuse de vous convier, le 11 février prochain, à l’inauguration du nouvel équipement culturel : Bizarre, labellisé Scène de Musiques Actuelles, ainsi qu’aux portes ouvertes, le 13 février. Je serai également heureuse de vous retrouver, tout au long de l’année, au cinéma Gérard Philipe, à la médiathèque Lucie Aubrac, dans nos bibliothèques de quartiers, dans nos centres sociaux, à l’espace d’Arts plastiques Madeleine Lambert, aux fêtes escales, au théâtre, à l’école de musique,…, bref, partout où l’art fait société.

Je vous remercie.

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