Le 29 novembre 1974, la loi pour légaliser l’avortement enfin votée

29 novembre 2014

Il y a 40 ans, Simone Veil, ministre de la santé, prononce à la tribune de l’Assemblée nationale, un discours historique en faveur du projet de loi relatif à la légalisation de l’avortement. Face à elle, 9 femmes et pas moins de 481 hommes pour un débat houleux et passionné qui va durer 25 heures. Insultes et calomnies à l’intérieur de l’hémicycle, à l’extérieur, des militants anti-avortement scandent leur fureur.

Jusque dans les années 1960, la loi française interdit formellement aux femmes d’utiliser toute forme de contraception et encore moins de se faire avorter. Ces derniers sont accomplis dans la clandestinité, au mépris de règles élémentaires d’hygiène, par des femmes surnommées « les faiseuses d’anges ». De nombreuses fois, la mort est au bout du couloir. Seules les femmes aisées peuvent recourir à l’interruption volontaire de grossesse, dans les pays où elle est autorisée.

Il y a 40 ans, Simone Veil, ministre de la santé, prononce à la tribune de l’Assemblée nationale, un discours historique en faveur du projet de loi relatif à la légalisation de l’avortement. Face à elle, 9 femmes et pas moins de 481 hommes pour un débat houleux et passionné qui va durer 25 heures. Insultes et calomnies à l’intérieur de l’hémicycle, à l’extérieur, des militants anti-avortement scandent leur fureur.

Jusque dans les années 1960, la loi française interdit formellement aux femmes d’utiliser toute forme de contraception et encore moins de se faire avorter. Ces derniers sont accomplis dans la clandestinité, au mépris de règles élémentaires d’hygiène, par des femmes surnommées « les faiseuses d’anges ». De nombreuses fois, la mort est au bout du couloir. Seules les femmes aisées peuvent recourir à l’interruption volontaire de grossesse, dans les pays où elle est autorisée.

C’est ainsi que, dès 1971, et pour dénoncer cette situation, Simone de Beauvoir va initier une pétition. 343 personnalités féminines ayant elles-mêmes avorté, signent « le manifeste des 343 salopes » pour réclamer une loi de légalisation. Le nombre important de signataires célèbres prouve l’inefficacité de la loi patriarcale en vigueur.

Cette même année, Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir créent l’association « Choisir » qui lutte pour la dépénalisation de l’avortement. Dans l’année qui va suivre, elles vont prendre fait et cause lors du procès de Marie-Claire, une adolescente en détresse, enceinte après un viol et accusée d’avoir avorté. En quelques semaines, le « procès de Bobigny » crée un mouvement irréversible qui va aboutir à une prise de conscience générale de l’opinion publique.

« Un enfant si je veux, quand je veux. »

Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l’Assemblée nationale. Elle ne va pas aborder le texte qu’elle défend d’un point de vue féministe. C’est pour elle, une véritable question de santé publique.

« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours »

Durant trois jours et deux nuits, elle va affronter 74 orateurs, subir agressions verbales sexistes, moralistes et misogynes.  Elle sera interrompue un nombre de fois incalculable. Mais le plus abject pour celle qui a connu l’enfer d’Auschwitz, ce sont les accusations de nazisme ou d’eugénisme proférées à son encontre. En d’autres termes, on l’accuse de vouloir sélectionner les êtres humains avant leur naissance. C’est dire l’aveuglement de certains pour stranguler ce projet de loi.

Le 29 novembre 1974, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse est votée par 284 voix contre 189.

« C’est mettre fin à une situation de désordre et d’injustice et d’apporter une solution mesurée et humaine à un des problèmes les plus difficiles de notre temps »

40 ans plus tard, le droit à l’avortement reste fragile. L’offre IVG se réduit, les centres d’orthogénie ferment progressivement. Faute de structures ou de personnel, se faire avorter est un parcours semé d’embûches. Sous l’emprise du libéralisme, de la crise et de l’austérité, ce droit se réduit comme peau de chagrin.

Si la grande majorité des pays de l’Union européenne autorisent l’avortement, l’Irlande demeure sourde en la matière. En Espagne, force est de constater que le droit à l’avortement a lourdement été remis en question par le gouvernement conservateur dès son élection. Face aux protestations du peuple, le texte vient d’être mis au placard. Sur tous les continents et dans beaucoup de pays, l’avortement est criminalisé.

Quant à la France, dans une période où les tentations de régression sont très fortes, elle doit rester extrêmement vigilante. Elle doit également réaffirmer haut et fort la question du droit d’accès des femmes à l’IVG comme elle l’a fait à travers le vote d’une résolution le 26 novembre dernier, jour du 40ème anniversaire du début des discussions de cette loi à l’Assemblée nationale.

Notons tout de même que sept députés se sont prononcés contre cette résolution pourtant symbolique : Jean-Christophe Fromentin de l’UDI, Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Dhuicq, Olivier Marleix, Yannick Moreau, tous les cinq de l’UMP, et Jacques Bompart de l’extrême-droite.

Autour de nous gravitent des personnes ou des groupes réactionnaires, n’admettant toujours pas que les femmes aient acquis la liberté de disposer de leur corps.  A l’heure ou ressurgissent des discours moralisateurs et culpabilisateurs, le droit à l’avortement est un droit fondamental, une avancée majeure pour les femmes.

Dans un contexte de régression des droits des femmes, le combat pour conserver et développer ces acquis est toujours d’actualité.

X