Inauguration du centre nautique intercommunal

C’est un moment que toute une ville attendait. Les enfants, les jeunes, les Vénissians, les nageurs du CMOV, et bien sûr tous les habitants de l’agglomération lyonnaise. Fin novembre 2010, le CNI était ravagé à la suite d’un incendie d’origine criminelle. La désolation a été grande, l’émotion vive, partagée, entre amertume et colère. Je me souviens des riverains de la rue du docteur Georges-Lévy, navrés, dépités, de tous ces Vénissians qui faisaient preuve de solidarité, dès les premiers instants. Il aura fallu, un peu moins de cinq ans, pour redonner vie au Centre Nautique Intercommunal. C’est long et court à la fois, mais en faisant le choix d’un équipement de premier plan, nous savions qu’il faudrait faire preuve de patience, si l’on voulait sortir par le haut de ce sinistre.

Et bien ça y est, l’attente est derrière nous, et les premiers nageurs, dès vendredi, vont découvrir de nouveaux bassins, prendre de nouvelles habitudes, et renouer avec un lieu de mémoire et de souvenirs vécus entre générations. Avec le recul, je crois que l’émotion sincère des habitants, des parents, des dirigeants et adhérents du CMOV, que leur mobilisation sans faille, après le temps de la désolation, a posé les jalons de ce nouveau CNI. Ils en ont été, en somme, les premiers architectes !

Tout au long de ces quatre années, les villes de Vénissieux, Saint-Fons et Lyon ont associé leurs forces et leurs compétences, dans le cadre d’un partenariat exemplaire et riche d’échanges.

Ensemble, nous avons fait en sorte que l’intérêt général prime, à la fois comme levier de l’aménagement de l’agglomération, et comme moyen de lutter contre toute forme de discrimination territoriale. Au final, ce sont nos habitants, nos scolaires, nos clubs qui sont les gagnants de ce travail partenarial considérable. Il s’est mis en place très tôt, dès les mesures d’urgences prises au lendemain du sinistre.

Ce travail a rendu possible la mise à disposition du personnel du CNI, dans les différents services des trois villes, et de trouver également des créneaux d’entraînement pour les clubs, associations et scolaires, utilisateurs du CNI. La solidarité des premiers instants entre les trois villes, les différents services concernés et la direction du centre nautique ne s’est jamais démentie par la suite.

Le nouveau CNI est un très bel exemple d’une synergie intercommunale réussie et aboutie, sans laquelle rien n’aurait été possible. L’effort budgétaire, à hauteur de 20% pour Saint-Fons, 35% pour Lyon et 45% pour Vénissieux, est lui aussi remarquable. Sur un coût d’opération global de presque 22 millions d’euros, les trois communes membres auront apporté 10,2 millions au financement de ce nouveau Centre Nautique Intercommunal. Un tel investissement, en période de crise et d’austérité, montre combien la solidarité et l’intérêt général ont été au cœur de nos choix. Plus de 2 millions d’euros pour Saint-Fons, plus de 3,5 millions pour Lyon, plus de 4,5 millions pour notre ville.

L’autre partie du budget provient entre autres des subventions de nos partenaires, des assurances et de l’autofinancement.

C’est un équipement haut de gamme que nous inaugurons aujourd’hui. Mais, à mes yeux, cette appellation, n’a de sens, que si elle sert une dimension sociale et une dimension territoriale. Nous connaissons l’importance de nouveaux équipements dans la redynamisation des quartiers, c’est bien le cas ici. La dimension sociale, nous l’avons évoquée dès l’entame du projet. La notion de centre nautique a prévalu, à savoir que l’initiation, la pratique sportive et l’éducation, comptent tout autant que la dimension de loisirs. 450 000 usagers par an sont attendus au CNI.

120 000 entrées/an scolaires dans le domaine éducatif, dont 50 000 primaires, 45 000 collèges et 25 000 pour les lycéens. Les chiffres sont impressionnants pour les sportifs, avec l’accueil de 17 clubs, soit 7 disciplines, 130 000 entrées par an, pour environ 3000 adhérents au total, dont 1400 de moins de 20 ans. On peut ajouter que le bassin, mesuré par un géomètre, est officiellement homologué par la Fédération Française de Natation, pour les compétitions en 50 mètres (seule une dizaine de bassins en inox est ainsi reconnue en France). C’est un atout supplémentaire pour le rayonnement du CNI. Enfin, au sujet du volet social, l’accueil grand public représente 130 000 entrées/an, constituées en grande partie de jeunes issus des quartiers populaires proches de l’équipement, plus 70 000 entrées pour les animations sportives.

Haut de gamme oui, mais haut de gamme, pour le plus grand nombre, haut de gamme, pour démocratiser l’initiation et la pratique sportives, haut de gamme, pour toutes les générations avec des tarifs avantageux.

Je ne vais pas entrer dans des détails techniques, mais la qualité architecturale du nouveau centre nautique saute aux yeux. Je voudrais remercier l’équipe Xanadu-QuadriPlus Groupe, chargée de la réalisation et de la construction du CNI. La perspective depuis l’avenue Lévy est réussie. L’intérieur est particulièrement lumineux avec un espace piscine remarquable, qui comprend le bassin sportif de 50m, le bassin d’initiation et la pataugeoire, sans oublier l’espace forme articulé autour de la balnéo, du sauna et hammam.

Nous avons profité de cette reconstruction, pour mettre aux normes l’établissement : accessibilité tout public, de grandes baies ouvertes sur les espaces verts, en lieu et place de l’ancienne immense bâche, énergivore, création d’un parking pour les bus, et d’une aire de retournement, pour faciliter et sécuriser l’arrivée des scolaires.

J’aimerais rappeler, pour conclure, l’importance des investissements dans la réalisation ou la rénovation des équipements culturels, sportifs, plus généralement publics, au cœur de nos quartiers. A l’image du groupe scolaire Flora Tristan, dont on vient de marquer la pose de la première pierre, le CNI est structurant.

Des frontières tombent, celle du désenclavement, celle des déplacements contraints de la périphérie vers la ville-centre, celle qui a conduit par le passé aux fractures territoriales et à la ghettoïsation des quartiers populaires. C’est notre rôle de maire de rappeler l’importance de ces équipements structurants, et c’est d’autant plus notre rôle que les politiques d’austérité, imposées au forceps aux collectivités, vont être un frein au développement de nos territoires et de nos agglomérations. Enfin, car je ne l’ai pas oublié, je voudrais rappeler que vandaliser, incendier un équipement public est un acte grave, dramatique, qui pénalise en premier lieu les habitants.

Des enfants, des jeunes, des scolaires, des sportifs, des clubs, des familles ont attendu presque 5 ans la réouverture d’un bien qui était le leur, et il y a dans ces 5 années d’attente un terrible sentiment d’injustice. Je pense aussi au CMOV Natation, qui a traversé et enduré de longs mois très difficiles. En 2010, avant le sinistre, et alors que nous fêtions ses 40 ans, le club Vénissian était le 3ème au niveau national, en termes de licenciés, avec 1575 adhérents. Aujourd’hui, avec 855 licenciés, peut-être même déjà 880, le CMOV reste la plus grosse association de Vénissieux.

Ce 8 juillet marque, j’en suis sûre, son renouveau. Alors, je dis à tous les usagers et tous les sportifs du nouveau CNI, revenez, revenez vous amuser, vous initier, vous entraîner, ce centre nautique est le vôtre, uniquement le vôtre. Je vous remercie.

 

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