Il y a 80 ans, les lois de Nuremberg étaient votées

Il y a 80 ans, le 15 septembre 1935, l’assemblée parlementaire allemande adopte les lois de Nuremberg, à l’occasion du 7ème congrès annuel du parti nazi. Depuis l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, en 1933, l’Allemagne plonge inexorablement dans le régime fasciste du IIIème Reich.

La propagande s’intensifie. Journaux, livres, bandes dessinées, magazines, films, posters, tracts, c’est le matraquage médiatique pour une manipulation de grande ampleur. La totalité de la jeunesse allemande entre, par obligation, dans les jeunesses hitlériennes. Les enfants, quant à eux, sont endoctrinés dès leur plus jeune âge. Hitler va utiliser toutes les méthodes possibles pour engendrer la haine inconditionnelle des juifs, les rendant responsables de tous les maux qui frappent le pays, en particulier de la grave crise qui sévit après le crash boursier de 1929. Les mots d’Hitler pour les qualifier atteignent des sommets d’atrocité et d’ignominie.

Cette idéologie dangereuse va très vite se répandre dans toute la société allemande. Les commerces juifs sont boycottés. Tous les juifs sont expulsés de l’administration publique, contraints de quitter les universités où les places doivent être réservées aux « personnes de sang allemand ou assimilées ». Une chasse aux sorcières s’organise et l’accès à certaines professions leur est interdit. Une série de mesures discriminatoires, toutes aussi infâmes les unes que les autres, se mettent très vite en place.

En 1935, avec les lois de Nuremberg, Hitler institutionnalise ses théories raciales. Loi sur le drapeau, loi sur la citoyenneté, loi sur la protection du sang et de l’honneur allemand, 3 textes qui donnent une légitimité constitutionnelle à l’antisémitisme. Les bases des dix années racistes et meurtrières qui vont suivre sont posées.

Privés de leur citoyenneté, de leur droit de vote et de la plupart de leurs droits politiques, les juifs allemands ne pourront plus se marier ou entretenir des rapports sexuels avec des personnes de « sang » allemand. Une étape supplémentaire est franchie dans le processus d’exclusion des Juifs, un processus dont nous connaissons aujourd’hui l’insoutenable issue.

La solution finale décidée par Hitler en janvier 1942 lors de la conférence de Wansee, organisée et développée par Heydrich, va provoquer la mort de six millions de juifs. Ils ont été persécutés et exterminés par les nazis.

Comment, aujourd’hui, expliquer ce que fut l’holocauste hormis le fait qu’il représente l’indicible et l’horreur absolue ? Jamais un régime politique, le 3ème Reich, n’était allé aussi loin dans la barbarie, dans l’inhumanité, dans la mise en place d’un génocide pour lequel, aujourd’hui encore, on peine à trouver des mots justes.

Le IIIème Reich a grandi dans une Allemagne en crise. En 1993, les grands capitalistes de l’État le plus industrialisé d’Europe ont donné les clés du pays au parti nazi, dont le leader était un dictateur sanguinaire qui rêvait de dominer le monde. Ils avaient vu en lui une force qui pouvait être utilisée pour créer un gouvernement de droite fort avec une politique précise contre la classe ouvrière. Ils ont financé les camps de concentration et ont reçu en signe d’éternelle amitié, une main d’œuvre gratuite.

La logique économique et politique a prévalu et ce n’est pas sans rappeler celle que le libéralisme cherche à nous imposer. Le profit à tout crin et à tout prix, sans se soucier des hommes, des savoir-faire et des territoires. Entre l’austérité pour le plus grand nombre et l’opulence pour quelques-uns, entre la perte de souveraineté des états et la soumission à un seul modèle économique, il se fabrique aujourd’hui du ressentiment, du rejet, de la colère, et pire encore, du nationalisme.

« Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés», prévenait Hannah Arendt.

La barbarie n’est jamais morte, pas plus que les démocraties ne sont immunisées à vie contre le pire. Dans un monde qui se radicalise sous nos yeux, il n’y a pas d’oubli possible.

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