Hiroshima, plus jamais ça !

Août 1945. Les Japonais n’ont plus aucun doute sur l’issue de la guerre malgré les annonces optimistes gouvernementales. Curieusement, la ville d’Hiroshima est sans cesse survolée par des B29 de l’armée américaine sans jamais avoir fait l’objet d’un bombardement.

Le docteur Shuntaro Hida est appelé en pleine nuit pour une urgence dans la ville voisine.

Nous sommes le 6 Août 1945, il est 8 h 15 du matin. Le bombardier Enola Gay, possède, à son bord une bombe atomique à l’uranium 235 surnommée « Little Boy » d’une puissance de 12 kilotonnes. Il survole le ciel japonais et passe au-dessus de la tête du docteur Shuntaro Hida, qui n’y prête pas attention. C’est alors qu’un éclair éblouissant le frappe au visage et lui transperce les yeux. Une chaleur insupportable le plaque au sol. Lorsqu’il ouvre les yeux, un cercle de feu gigantesque flotte en apesanteur au-dessus d’Hiroshima, puis un champignon tout aussi démesuré se forme et se déploie au-dessus des bois, des bocages, des rizières, des maisons et des fermes. Un souffle surpuissant arrache toitures et volets, arbres et arbustes. Comme un vulgaire bout de bois, le docteur est projeté à plusieurs dizaines de mètres. Quelques secondes après, des cris d’effroi le submergent. Ils proviennent d’Hiroshima.

Lorsque le docteur arrive sur place, des silhouettes méconnaissables déambulent dans les rues jonchées de débris et gravats. Ce ne sont pas leurs vêtements mais leur chair déchiquetée, brûlée, ensanglantée qui pend comme des haillons. Un peu plus loin, la berge de la rivière Choju-En est totalement recouverte de corps calcinés. Ses eaux charrient les morts par milliers. Tous les bâtiments sont détruits. Il ne reste plus rien. Une pluie noire mêlée de cendres se met à tomber sur la ville.

Sur 300 000 personnes qui habitent à Hiroshima, 70 000 vont périr instantanément et 70 000 autres, irradiées, mourront des années plus tard.

Le 9 août 1945, un second raid tout aussi meurtrier va produire le même désastre à Nagasaki et mettre un terme à la seconde guerre mondiale. Cette fois-ci, la bombe atomique est surnommée « Fat Man ». Légèrement plus puissante que « Little Boy », elle va engendrer la mort immédiate de plus de 40 000 personnes sous le choc de l’explosion. 25 000 blessés vont mourir dans les semaines qui suivent.

Le docteur Shuntaro Hida va échapper aux effets directs de la bombe atomique grâce à cet appel d’urgence auquel il a répondu en pleine nuit. Lui aussi irradié, il ne doit sa survie qu’à une transfusion sanguine totale. Dans son livre : « Récit des jours d’Hiroshima » il retrace l’enfer nucléaire qui s’est abattu sur sa ville, le 6 août 1945, par une belle matinée d’été. Beaucoup plus tard, il apprendra que la ville d’Hiroshima avait été « réservée » par l’État-Major américain pour servir de lieu d’expérimentation en vue de sa toute dernière attaque à l’arme nucléaire. Pour mettre fin à la Résistance japonaise, le Président américain, Harry Truman, voulait en finir le plus tôt possible avec la guerre dans le Pacifique. Mais pas seulement. Il voulait également faire la démonstration de l’infinie puissance militaro-scientifique américaine aux yeux du monde et notamment des Soviétiques.

Selon les estimations, neuf pays détiennent l’arme nucléaire. La technique ayant évolué, sa puissance s’est démultipliée. Si elle était utilisée aujourd’hui sur une grande ville, le nombre de victimes pourrait être mesuré en millions de personnes sans compter les effets dévastateurs sur l’environnement et le climat.

Aujourd’hui, je veux m’associer au peuple japonais pour commémorer le bombardement atomique, il y a 70 ans, sur Hiroshima et Nagasaki.  Je veux aussi partager leur message « Plus jamais ça ».

Nous sommes confrontés à un défi de la plus grande importance historique, celui de créer un monde libéré des armes nucléaires. 70 ans après, ce combat est plus que jamais d’actualité alors que la course aux armements s’emballe dangereusement au fil de la montée des rivalités économiques et géostratégiques. La France doit faire évoluer sa position sur ce sujet et ne doit pas restée attachée à une doctrine d’un autre temps. Elle aurait tout à gagner à renoncer à l’arme nucléaire. Sa capacité à faire entendre sa voix s’en trouverait grandie.

Aucune nation ne devrait posséder l’arme nucléaire. Cette menace doit faire place à une culture de la paix. Il en va de la survie de l’Humanité.

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