CONSEIL MUNICIPAL – Débat d’orientations budgétaires 2015

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD sur le rapport N°1 « Débat d’orientations budgétaires 2015 » lors de la séance publique du conseil municipal du 16 décembre 2014.

Les budgets des collectivités locales sont entrés, au moins jusqu’en 2017, dans une période d’austérité. Nous ne l’avons pas choisie, elle nous est imposée par Bruxelles et le gouvernement, sans discernement, aucun. Présente au 97ème congrès des maires fin novembre, je peux vous dire que les inquiétudes ont cédé le pas à la grogne, quelle que soit l’appartenance politique, et quel que soit le milieu, urbain ou rural.

Un chiffre suffit pour mesurer l’ampleur des dégâts : la baisse des dotations de l’État, liée à la politique d’austérité gouvernementale, va faire perdre 7 millions d’euros, d’ici 2017, à la ville de Vénissieux. 7 millions d’euros, c’est par exemple la moitié d’un groupe scolaire, rien que ça !

Nous faisons donc face à une situation sans précédent, alors que l’urgence sociale des habitants, doublement pénalisés, se manifeste à tous les niveaux : logement, accès aux soins, alimentation, précarité énergétique. Inutile de se cacher la vérité, notre ville, comme toutes les collectivités, va être impactée fortement, d’autant plus que c’est le bloc communal qui supporte, à plus de 50%, la réduction imposée des dépenses publiques. Nos finances saines et nos choix rationnels depuis des années, utiles pour l’intérêt général et pour tous les Vénissians, limitent pour l’instant les effets de ce choc financier, quand de nombreuses villes éprouvent, dès aujourd’hui, de très grosses difficultés à boucler leur budget. Mais les faits sont là, et personne ne peut les contester : l’augmentation de la dotation de solidarité urbaine ne masque plus du tout, la baisse de la part de la dotation globale de fonctionnement, les recettes sont en chute libre. Malgré tout, nous poursuivons notre maîtrise des dépenses de fonctionnement, évitons tout recours excessif à l’emprunt, et maintenons une dette par habitant, très inférieure à la moyenne nationale de même strate.

Dans un contexte qui n’a jamais été aussi contraignant, notre budget 2015 privilégie donc la maîtrise d’ensemble de ses dépenses, sans augmenter le taux de la fiscalité locale. Nous avons pour objectif d’anticiper, et de repousser l’effet ciseau, de garantir aux Vénissians des services publics de proximité de qualité, et de continuer d’investir dans des projets structurants et d’intérêt général, pour l’avenir de notre ville. Mutualiser certaines missions, faire des choix utiles et partagés avec les Vénissians : aucune collectivité n’échappera à cette réalité, dans les toutes prochaines années.

Ces politiques d’austérité, auxquelles nous nous opposons, et que les économistes reconnus critiquent également, sont contre-productives à plus d’un titre, l’envolée du chômage est là pour en témoigner. En 2014 et en 2015, selon la banque postale, le recul des investissements des collectivités territoriales est estimé à 15% ! Pour les entreprises et le BTP, c’est l’équivalent d’une perte de croissance de 0,2%, par assèchement de leur carnet de commandes. Est-ce ainsi que l’on va relancer l’économie et l’emploi de proximité ? Non, à ce rythme, nous allons droit dans le mur.

Région, département, agglomération, toutes les collectivités sont touchées et, par ricochets, c’est l’ensemble des territoires populaires, péri urbains, ruraux, qui vont perdre, ici des services publics, là des projets d’équipements structurants. A l’échelle de l’agglomération, Gérard Collomb a annoncé une perte de dotations de l’État, d’environ 140 millions pour le Grand Lyon, entre 2011 et 2017 !Vénissieux en subit déjà les conséquences néfastes, avec le retrait annoncé de la ville de Lyon, du projet de la pré fabrique opéra, que l’État, à travers le préfet, défendait et jugeait d’utilité publique.

Mais les Vénissians doivent aussi savoir que leur quotidien sera impacté. J’en veux pour preuve l’enveloppe des travaux de voirie du Grand Lyon 2015, pour la ville de Vénissieux : moins 15% par rapport au budget 2014.

Pour les communes, tout est ainsi tiré par le bas, les contraintes deviennent insupportables, les réformes d’État ne sont pas, ou peu financées, à l’image de la réforme des rythmes scolaires. Bref, on voudrait transférer la dette de l’État vers les collectivités, que l’on ne s’y prendrait pas autrement !!!

Enfin, ce budget s’inscrit, alors que les incertitudes restent entières, à deux semaines de la création de la Métropole. Pas de débat en amont, pas de débat dans la mise en place, pas de débat tout court avec les élus, les habitants, les fonctionnaires, c’est très dommageable. Quid du transfert des charges du Conseil Général vers la Métropole ? Quid des ressources des compétences des communes transférées à la Métropole ? Nous en reparlerons dans les délibérations 6 et 7, mais, que ce soit sur le fond ou sur la forme, le manque de dialogue actuel interroge et ne laisse rien présager de bon. DDU, taxe locale sur la publicité extérieure (soit 400 000€ par an pour notre ville), seront-elles perçues par les communes ou la Métropole ?

Là encore, le flou demeure. Alors qu’elles jouent un rôle de proximité capital, entre les citoyens et les processus décisionnels, est-on en train de faire des communes, le parent pauvre de notre pacte républicain ? Ce serait un contresens historique, contraire à notre organisation territoriale, et contraire à l’intérêt de tous nos habitants.

Je vous remercie.

 

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