Conférence de presse de rentrée 2015

 

Escalade de la violence, véritable décote humaine, dictature de la finance et du libéralisme : l’actualité internationale a montré un monde sous tension, toujours plus vive d’une année à l’autre.

L’Europe poursuit sa marche en avant libérale et destructrice en humiliant le peuple grec, en créant la division entre une Europe du Nord et une Europe du Sud, et en imposant le libéralisme et l’austérité à tous les pays membres. Les Grecs ont porté au pouvoir Syriza pour construire leur pays autrement, pour sortir le peuple d’une crise dont il n’est pas responsable.

Dans le cadre des négociations sur la dette, l’UE a foulé aux pieds ce vote incontestable et légitime, comme si chaque pays était contraint d’appliquer une seule politique, celle imposée par Bruxelles. Les effets sont désastreux car c’est la souveraineté politique de tous les Etats membres qui est remise en cause.

Je suis solidaire du peuple grec, solidaire des retraités jetés sous le seuil de pauvreté, solidaire d’une population qui a perdu près de 25% de son pouvoir d’achat, avec des salaires en chute libre de 20% à 30% en l’espace de six ans ! Solidaire, bien sûr, d’une jeunesse grecque sacrifiée, sans avenir, sans perspectives, solidaire d’un peuple auquel le libéralisme, la BCE, le FMI et les créanciers ont infligé 9 plans d’austérité successifs.

Le Non grec a agi comme un sursaut, un réveil citoyen, une fierté retrouvée face à la perte de souveraineté que Bruxelles impose aux Etats membres. Les grecs n’ont pas dit non à l’Europe, ils ont, en écho aux referendums de 2005, dit non à cette Europe-là, l’Europe de l’austérité, l’Europe de la spéculation, l’Europe des usuriers, l’Europe de la régence. Une Europe de l’injonction libérale et des petits intérêts de chacun, où la solidarité n’est plus de mise, à l’image de la crise des réfugiés qui meurent par milliers, dans une méditerranée transformée en cimetière, pendant que les Etats de l’UE se renvoient le problème, sans aucune réponse collective.

Il a fallu combien de drames insupportables avant que l’Europe prenne la mesure de cette crise humanitaire !

La Métropole de Lyon a annoncé sa volonté d’accueillir des réfugiés. Solidaire, Vénissieux s’inscrira dans ce dispositif, sans discrimination religieuse au nom de principes Républicains indivisibles. Mais il faut aussi que toutes les communes de l’agglomération, je dis bien toutes les communes, jouent le jeu.

Depuis dix ans, en se construisant sans, et le plus souvent contre la volonté des peuples, cette Europe-là court à sa perte, et ce n’est pas faute d’avoir prévenu un immense gâchis. Décote humaine de réfugiés qui perdent la vie dans l’indifférence, monnaie d’échanges de trafiquants sordides, décote humaine de l’Etat islamique qui fait régner la terreur, multiplie les massacres odieux, détruit le patrimoine historique, et pratique une mise en scène abjecte de sa barbarie sur les réseaux sociaux. A Paris, à Sousse, près de Lyon, et s’il en est fallu de peu qu’un attentat sanglant ne soit perpétué dans le Thalys, partout la même violence aveugle, injustifiable, qui vise à diviser les communautés.

Oui, cette montée des radicalismes, ce délitement du lien social, ces pertes de souveraineté et cette normalisation de politiques qui se ressemblent toutes, font le jeu du populisme et de l’extrême droite, et c’est très inquiétant. Ce principe domine en France aussi. Soumission à l’austérité, soumission à la doctrine libérale de Bruxelles, en quoi la politique du gouvernement Valls se démarque-t-elle des politiques menées précédemment ? A du sociétal ?

Ce n’est pas ce que les Français attendent, ils attendent une réponse concrète à l’urgence sociale qui les frappe de plein fouet. Ils veulent des mesures en matière d’emploi, de logement, de pouvoir d’achat, d’accès aux soins, de protection sociale et de protection dans leur parcours professionnel. En retour, ils ont, entre autres, la loi Macron, symbole de la démission de François Hollande face au capitalisme financier, symbole de la dérive libérale d’une frange du parti socialiste. Il faut appeler un chat un chat : cette loi est de droite, tout comme il est de droite de sacrifier les politiques sociales, culturelles, sur l’autel de l’austérité. Libéralisation des lignes d’autobus ; accroissement du travail du dimanche et de nuit ; limitation du rôle des prud’hommes ; affaiblissement du code du travail ; facilité de licenciement ; plafonnement des indemnités prud’homales, pour lequel le gouvernement persiste, malgré l’avis contraire du conseil constitutionnel : où est le progrès, pour les salariés ? Où est le progrès et où sont les protections pour les familles modestes, pour les classes populaires, pour les classes moyennes, pour les jeunes ?

Cette politique de l’offre n’affiche aucun résultat positif en termes de chômage, qui ne cesse d’augmenter, mais réjouit le MEDEF.

Réduire les cotisations patronales et le coût du travail ne crée pas d’emploi. Ce sont les carnets de commandes des entreprises qui en créent, par la relance de la consommation et la relance du pouvoir d’achat des plus fragiles, par l’investissement public. Là encore, les politiques d’austérité envers les collectivités territoriales sont contreproductives. Pour ceux qui en douteraient, en 2014, l’investissement du bloc communal s’est en effet effondré de 12,4%, et cette baisse devrait s’accélérer en 2015 et les années suivantes.

35,4 milliards d’investissement en 2013 contre 31,1 milliards en 2014. Conséquence directe : la perte sèche pour le tissu économique local s’élève à 4,3 milliards d’euros, qui se répartissent ainsi : 3,6 milliards pour les communes ; 0,7 pour les EPCI.

Les premières études prospectives sur toute la durée de la baisse des dotations de 2014 à 2017, tablent sur une chute de l’investissement du bloc communal à hauteur de 25%.

Pour fermer cette parenthèse nationale, je rappelle que l’association des maires de France, de gauche comme de droite, organise une grande journée nationale d’action, le 19 septembre prochain, contre l’austérité et le démantèlement des politiques de proximité, contre ces coupes drastiques et sans précédent de l’Etat envers les collectivités, qui fragilisent le lien social, le vivre ensemble, et, au final, le pacte républicain !

La rentrée à Vénissieux n’échappe pas au contexte national d’austérité, qui, vous le savez déjà, va amputer notre budget de 7 millions d’euros d’ici 2017. Pour donner une idée de la situation que connaissent les collectivités, les 2/3 d’entre elles seraient dans le rouge dans 2 ans si la baisse de dotations de l’Etat est appliquée, a prévenu le Sénat.

Nous continuons malgré tout de nous battre pour faire avancer la ville, coûte que coûte. Toute l’équipe municipale s’est très vite remise au travail, avec d’autant plus de force et de convictions que notre victoire en 2015 a été nette et incontestable.

Un dossier que nous portons depuis des années, contrairement à certains qui affirmaient qu’il ne se passait rien au Puisoz, voit le jour en cette rentrée. C’est un cinglant démenti pour ceux qui dénigrent la ville, mais l’aménagement du Puisoz est surtout, et c’est bien là le plus important, une étape majeure du développement de Vénissieux.

La concertation publique a commencé depuis juillet, et nous avons tenu la semaine dernière, une réunion publique avec les habitants pour présenter des enjeux qui les concernent en premier lieu. 30 ans d’attente prennent fin, mais c’est un projet long, qui nous porte à l’horizon 2025, voire plus.

L’arrivée des deux grandes enseignes, prévue pour 2019, ne constitue pas une finalité en soi, mais une étape importante parmi beaucoup d’autres. Auprès de nos partenaires, nous avons défendu l’idée d’un vrai projet urbain d’ensemble, pas uniquement commercial. Il y aura donc des logements de toutes sortes, près de 600 environ, des commerces de proximité, du tertiaire, des espaces publics de qualité paysagère, un parc d’activités.

C’est un morceau de ville qui va voir le jour. Nous ne parlons pas de l’aménagement d’une friche, d’une simple zone de transit, mais bien de la création d’un nouveau quartier dans toutes ses dimensions. A terme, plus de 2000 habitants y vivront, quelque 1000 emplois y seront transférés, et environ 1500 autres y seront créés.

Nous escomptons de vraies retombées pour l’emploi local, dans le BTP, le tertiaire et le commerce. Avec les différentes enseignes, avec Pôle emploi, nous allons agir pour que l’aménagement du Puisoz profite aux habitants, que des opportunités se créent. Nous allons également mettre en place un PUP (projet urbain partenarial) pour le financement, par l’aménageur, de certains équipements publics.

Et puis ce projet d’agglomération va nous permettre de réaliser enfin une agrafe urbaine entre Vénissieux, Lyon 8ème, le parc et le pôle multimodal de Parilly. Voiries, accessibilité du site, valorisation des cheminements de modes doux, le Puisoz va se transformer et va devenir physiquement, concrètement, la véritable porte d’entrée sud de l’agglomération lyonnaise.

Enfin, pour être tout à fait complète sur le sujet, nous n’avons pas abdiqué sur la présence d’un futur équipement d’agglomération, une réserve foncière a été planifiée à cet effet. Les premiers retours des habitants sont globalement positifs, d’autres s’inquiètent à juste titre des effets sur la circulation déjà dense dans ce secteur.

Tout ne va pas se faire en un jour, les différentes phases vont s’étaler dans le temps jusqu’à l’horizon 2025. La réunion que nous avons organisée visait justement à intégrer les remarques et craintes bien en amont, de façon à ce que les problèmes soulevés fassent en quelque sorte partie du cahier des charges.

Pour notre ville, l’aménagement du Puisoz s’inscrit dans la suite de programmes urbains majeurs, structurants et de grande ampleur, réalisés ces dernières années (le T4, Vénissy, Armstrong, Romain Roland). Il est capital d’entretenir cette dynamique, pour les habitants, pour les jeunes générations, pour la valorisation de Vénissieux. Elle porte en elle un avenir, un renouveau et une énergie essentiels, elle dessine une ville en mouvement et c’est fondamental.

Cet élan concrétise aussi le travail collectif, l’implication constante et la continuité d’équipes municipales, toutes déterminées à faire avancer Vénissieux. Les résultats sont là ! Et quand je dis faire avancer Vénissieux, c’est avec et pour les Vénissians.

Les assemblées des conseils de quartiers vont commencer dès octobre, et nous allons enchaîner à partir du mois de décembre avec les réunions territoires PLUH. Dans le cadre du Grand Projet de Ville, le travail de concertation avec nos partenaires institutionnels, pour poursuivre la rénovation urbaine du Plateau des Minguettes, est bien engagé.

Impliquer toujours plus les habitants aux processus décisionnels, renforcer leur appartenance à la ville, les informer des projets en cours : le pacte communal est aussi un pacte de réciprocité et d’engagements partagés.

Une rentrée, c’est bien sûr une rentrée scolaire. 10 ouvertures de classes sont confirmées cette année. L’augmentation des effectifs n’est pas liée uniquement à l’attractivité retrouvée de notre ville, ni à l’arrivée de nouvelles familles. La refondation de l’éducation prioritaire a placé tous les collèges de Vénissieux en REP+ et REP. Par jeu mécanique, les écoles primaires rattachées à ces établissements, bénéficient de moyens supplémentaires pour répondre, entre autres, à la scolarisation des enfants de 2 ans.

Pour faire face à cette montée des effectifs, je rappelle que les travaux du nouveau groupe scolaire Flora Tristan ont commencé, et que le 21ème groupe scolaire de Vénissieux ouvrira ses portes à la rentrée 2016.

En ce qui concerne les rythmes scolaires, nous avons apporté quelques améliorations à une réforme nationale que nous avons mise en place avec une vraie ambition éducative, et que les parents ont appréciée. Le bilan effectué à la fin de la première année, a tenu compte des analyses des équipes enseignantes et des remontées des parents d’élèves.

Le système d’inscription a été amélioré. La répartition territoriale des Maisons de l’enfance et le redéploiement des personnels permanents, ont été repensés en fonction du nombre d’inscrits par centre. Nous souhaitons désormais impliquer davantage les familles dans les processus de réflexion pédagogique, et renforcer encore la continuité éducative à tous les niveaux (entre sport et animation, entre scolaire et périscolaire). L’objectif principal reste le même : les activités périscolaires doivent être accessibles à tous et à des tarifs avantageux.

Cette conférence est l’occasion de revenir sur l’actualité de cet été 2015 à Vénissieux. Le CNI a trouvé son rythme de croisière dès le mois de juillet, avant de passer à la vitesse supérieure depuis septembre avec le retour des associations sportives. Pour les habitants, pour les familles, les jeunes et les enfants, nous tenions à tout prix à ouvrir les portes d’un équipement sportif qui manquait si cruellement à la population depuis 5 ans. Le pari a été relevé, et de beaux lendemains s’annoncent déjà pour le CNI.

Les activités de remise en forme sont déjà très demandées, les clubs et les scolaires sont de retour. Contrairement à d’autres piscines de l’agglomération, aucun incident notable n’a été enregistré. Outre le travail de sensibilisation et la présence de nos agents, peut-être faut-il y voir une forme de considération à l’égard d’un équipement qui fait partie à nouveau de notre patrimoine commun.

Dans un autre registre, le parking Marcel Paul de 70 places, gratuit et hors zone bleue, est, d’après les usagers, une réussite. Par vases communicants, il permet à la zone bleue, que nous avons créée Place Léon Sublet, de remplir son objectif, avec une meilleure rotation des stationnements afin de stimuler l’activité commerciale.

Enfin, les Mondiaux d’Athlétisme Vétérans ont valorisé une nouvelle fois notre ville, ses infrastructures sportives, ses agents et notre sens du service public. Les organisateurs de la compétition nous ont adressé leurs compliments, c’est ce message que je tiens également à transmettre aux bénévoles et à l’AFA Feyzin/Vénissieux impliqués dans la réussite de cette belle manifestation.

Valorisation par le sport, valorisation par la création, avec la fresque de Bruce Clarke, première résidence d’un plasticien à Vénissieux, une fresque qu’il a réalisée en juillet et qui a été bien reçue et perçue par les habitants. Sa résonance a dépassé les limites de notre commune, puisque j’ai reçu des demandes d’allemands, de martiniquais, intéressés par le travail de l’artiste, par le parcours de Frantz Fanon, et par l’histoire et les politiques de Vénissieux.

Enfin, et pour conclure, nous travaillons et sommes force de propositions dans le cadre du débat relatif au pacte de cohérence de la Métropole. Je ne suis pas opposée à la mutualisation ou au partage de certaines compétences, mais les maires doivent garder leur pouvoir décisionnel. Car il n’y a pas une politique, mais des politiques sociale, éducative, culturelle, économique propres à chacun. La commune réduite à une chambre d’enregistrement des orientations prises au niveau de la Métropole serait un contre sens, tout comme un maire n’a pas à devenir un administrateur. Les politiques d’austérité faussent par ailleurs ce débat. Les contraintes budgétaires des communes sont telles que bon nombre de maires sont tentés de déléguer certaines compétences pour desserrer l’étau et trouver un peu d’oxygène.

Il ne faut pas raisonner le pacte de cohérence en ces termes, comme une fuite en avant, ni le construire dans la précipitation, mais définir positivement le rôle des communes et de leurs politiques de proximité. Réfléchir aussi aux modalités d’intervention citoyenne, pilier incontournable de la démocratie participative. C’est cet équilibre que nous recherchons dans le cadre des discussions actuelles.

Vous êtes bien placés pour savoir que l’actualité ne s’arrête pas, et Vénissieux suit un rythme soutenu. Inauguration du Laboratoire Carso, les 30 ans de notre théâtre et les 80 ans de la maison du peuple, dès ce mois de rentrée, les sollicitations ne vont pas manquer, signe que notre ville bouge, avance, reste en mouvement.

Avant de répondre à vos questions, je voudrais rendre hommage à Evelyne Ebersviller, une adjointe dévouée, passionnée par sa ville, douée d’un très grand sens du service public et de l’intérêt général, qui nous a quittés cet été.

Sa rigueur, son humilité, son investissement total et sincère pour les Vénissians, nous donnent encore aujourd’hui une belle image d’une femme et d’une élue engagée dans le combat de sa ville et du progrès social.

Je vous remercie et vous souhaite une excellente rentrée 2015.

X