Vœux 2011 en images

Les Voeux de Michèle Picard en images lors des vœux aux associations et personnalités Vendredi 14 janvier 2011

Ci-après l’intervention de Michèle Picard lors des vœux aux associations et personnalités Vendredi 14 janvier 2011

Dans un premier temps, et au nom de l’équipe municipale, je tiens à vous adresser tous mes vœux, après une année 2010 riche en actualité et en mobilisations. A l’orée de cette nouvelle année 2011, j’espère que chacun d’entre vous réalisera ses projets et ses rêves les plus chers.

Merci à vous d’être venus, une nouvelle fois, vous joindre à nous ce soir. Il y a deux lectures possibles de l’année 2010.

Cynisme, arrogance, indifférence d’un côté. Mobilisation populaire, prise de conscience citoyenne et lueur d’espoir, de l’autre.

Les 12 derniers mois auront été marqués par ces deux mouvements, ces deux forces opposées, à la croisée des chemins de nos sociétés, qui, certains le savent, d’autres le pressentent, ne peuvent plus continuer comme ça.

Ici en France et partout en Europe, le corps social s’est réveillé, s’est levé, s’est remis en marche et c’est un signe fort (j’y reviendrai), après des années, des décennies de résignation, de dépit, un signe, gageons-le, d’avenir.

Tout au long de ces douze derniers mois, le capitalisme financier a continué son œuvre macabre : creuser les inégalités de façon vertigineuse, déchirer le tissu social, liquider, bazarder le savoir-faire des salariés, l’emploi industriel, démanteler le pacte républicain, le droit commun et phagocyter les libertés individuelles.

Arme de destruction massive, arme à fragmentation qui essore, qui exclut, qui appauvrit et qui finit par rejeter l’homme hors de la société des hommes. Pour reprendre un livre qui a fait parler de lui, un seul mot d’ordre, court, mais tellement juste : Indignez-vous !

8 millions de personnes en France vivent sous le seuil de pauvreté, 2 millions d’enfants ont faim, ont froid, livrés à l’anonymat, privés de tout, même de leur enfance. Indignez-vous !

10 millions de nos concitoyens sont frappés par la crise du logement et le mal-logement. Un sur 6 ! 16 000 enfants sont sans toit. Indignez-vous !

Plus de 2 millions de travailleurs pauvres, près d’1 million de personnes âgées vivent (mais est-ce bien le verbe approprié ?) sous le seuil de pauvreté. Indignez-vous !

Des centaines de milliers de jeunes exclus du marché du travail, 43% des jeunes hommes qui vivent dans les ZUS au chômage en 2009, 37% pour les jeunes femmes, un salarié sur quatre gagne moins de 70% du Smic. Indignez-vous !

35% des Français reportent des soins, voire y renoncent. Indignez-vous !

Je pourrai continuer ainsi toute la soirée, à recenser les friches et les ruines que nous allons laisser à nos enfants si nous poursuivons dans cette voie. Notre société explose sous nos yeux.

Jamais un tel délitement moral, culturel, social de notre pays n’avait été aussi prononcé depuis l’après-guerre.

Le capitalisme financier ne provoque pas uniquement une crise économique, il provoque une crise de civilisation. Les valeurs, les repères, le respect de l’autre, la solidarité ont volé en éclats, laissant place à l’égoïsme, à la course au profit sans foi ni loi, à l’argent fou, l’argent roi, l’argent écœurant.

Pendant ce temps-là, le spectacle de l’indécence continue : entre 2004 et 2007 en France, le nombre de personnes disposant de plus de 100 000 euros de revenus annuels a augmenté de 28%, et celui des personnes disposant de plus de 500 000 euros par an a bondi de 70%.

Pendant ce temps-là, le spectacle des apprentis-sorciers se joue à guichets fermés, les poches pleines d’une production spoliée : en pleine crise, le résultat net des groupes du CAC 40 en 2010, c’est 84 milliards d‘euros, soit +90% par rapport à 2009.

Et puis pour finir, n’oublions pas que le trésor public a remboursé au titre du bouclier fiscal 100 millions d’euros en quatre ans à Madame Bettencourt, troisième fortune de France ! Bienvenue en République du Fouquet’s…

Alors oui, l’heure est à l’indignation, indignation nécessaire mais pas suffisante si elle ne se transforme pas en mobilisation, en unité populaire et contestataire. Car sur le fond, le problème n’est pas de limiter les excès de ce système, mais de l’arrêter et d’en changer. Tant que la rupture n’aura pas été accomplie, le monde de la finance saura rebondir pour s’enrichir sur le dos des autres, sur le dos des pauvres.

Il faut rappeler que ce sont les Etats et les finances publiques qui sont venus à l’aide des banques, spéculateurs et traders, à l’origine de la crise en 2008. Et que ce sont ces derniers, appuyés par les politiques du FMI et de la BCE, les mêmes responsables en somme, qui demandent aujourd’hui aux Etats d’opérer des coupes drastiques dans les budgets régaliens et sociaux, et de présenter la note au peuple.

A vous de payer les dégâts que nous avons provoqués, à vous de rembourser les milliards d’euros que nous avons brûlés.

Situation insensée, ubuesque, mais écrite en filigrane pour 2011 et cautionnée par les chantres du libéralisme et du marché.

Depuis plus de trois ans, le maître d’œuvre s’appelle Nicolas Sarkozy et le percepteur le MEDEF.

– 100 000 postes de fonctionnaires supprimés et un jeu de massacres terrifiant à l’Education Nationale.

– Le report de l’âge légal du départ à la retraite porté à 62 ans et des pensions à taux plein à 67 ans (alors que le chômage des plus de 50 ans explose littéralement, +17,6% entre 2010 et 2009).

– Des dotations et subventions aux collectivités locales en chute libre, voire à l’arrêt, une politique de la ville sans perspective et sans ambition.

On démantèle, on brise, on casse et on livre au privé les acquis sociaux et tout ce qui fonde le pacte républicain, le contrat de solidarité né de l’après-guerre et du CNR.

Politique de la terre brûlée, politique d’une droite versaillaise décomplexée, qui agit en toute impunité. Politique dont les conséquences vont être terribles pour les plus fragiles, les plus démunis, les plus isolés. Politique, et c’est tout aussi grave, qui hypothèque déjà l’avenir des prochaines générations, avec une éducation et des formations à moindre coût, une recherche et une production industrielle abandonnées par l’Etat.

Le présent est plombé et les lendemains sous scellés. C’est objectivement le retour du déterminisme social qui nous est présenté.

Né pauvre, vous finirez pauvres avec, entre les deux étapes, un parcours tout tracé : l’accès à une éducation du pauvre, à des métiers de pauvre, à des soins du pauvre, à des salaires de pauvre, à des logements de pauvre et des retraites de pauvre.

Car lorsque l’Angleterre supprime 500 000 postes de fonctionnaires et effectue des coupes sans précédent dans les budgets sociaux, lorsque la Grèce et l’Irlande (à qui le tour ?) passent sous bannière FMI-BCE, ce sont les banques que l’on sauve… et les peuples que l’on enfonce. Lorsque Nicolas Sarkozy ouvre en 2011 le chantier de la dépendance, ça n’est pour sauver la sécurité sociale qu’il le fait mais pour la livrer au privé, ça n’est pas pour la dignité des personnes âgées mais pour les assurances et le marché.

Voilà ce qui est écrit : une vie sous la sélection de l’argent, une société du démuni d’un côté et une caste en forme de micro-société de l’autre, celle du nanti, sans intention ni ambition collective de changer le cours de cette histoire mal écrite.

Je le dis et je le répète, à travers le pillage des services publics et le dynamitage du pacte républicain, nous allons droit au déterminisme social, droit dans le mur aussi, il va s’en dire, droit vers le repli communautariste, le ressentiment et le rejet de l’autre.

Sur ce terreau-là, une plante grandit mieux et plus vite que les autres, c’est le populisme, qui s’enracine aussi bien dans les esprits et les idées que dans les urnes partout en Europe. L’indignation, déjà, ne suffit pas, ne suffit plus.

Vénissieux en 2010 a continué d’avancer, dans la direction inverse des politiques nationales. Nous ne sommes plus à une tempête près et ce ne sont pas les vents contraires qui nous feront changer de cap. Même si ces derniers, pour les collectivités locales, s’avèrent de plus en plus puissants. Après l’Etat providence, mis à sac par le capitalisme, c’est la « commune providence » qui est désormais dans le viseur.

Le gouvernement veut tordre le cou à ces lieux de résistance. Il veut tordre le cou aux missions de service public de proximité et aux fonctionnaires qui les font vivre. Il veut tordre le cou aux collectivités qui ne se soumettent pas à la politique nationale du duo Sarkozy-Fillon, au chantage de la courtisanerie et du « premier de la classe ».

L’attaque est frontale et sans précédent : asphyxie des finances pour contraindre les villes à abandonner certaines missions, à soumettre les fonctionnaires et les investissements aux règles du privé.

Asphyxie de l’autonomie et de l’indépendance politiques avec un retour à un centralisme anachronique écrit noir sur blanc dans la réforme des collectivités. Les habitants seront les premiers perdants de cette offensive radicale, la République aussi, car n’oublions pas que les communes constituent la première marche de notre pacte social. Et la question qui est devant nous, et face à laquelle personne ne doit tricher, c’est jusqu’à quand, oui, jusqu’à quand les villes pourront-elles forcer l’étau que l’Etat met en place ? Jusqu’à quel point aussi pouvons-nous tolérer l’abandon, inacceptable et délibéré, des missions régaliennes de l’Etat ? Malgré tout, nous ne plions pas. C’est la place de l’homme, de la femme, de la personne âgée, de l’enfant et des jeunes, au cœur de leur ville, qui constitue et demeure le socle inoxydable de notre pacte communal.

Vivre mieux, vivre plus près de l’autre, vivre sans se sentir écarté du monde qui nous entoure, sans se sentir exclu des activités physiques ou artistiques qui nous enrichissent. Vivre avec les mêmes chances que les autres sa scolarité, son droit à la santé, aux loisirs : ça peut paraître banal, élémentaire en quelque sorte, c’est devenu, aujourd’hui, un programme de résistance.

Je tiens ici à louer l’action des services, du milieu associatif, des acteurs économiques, des conseils de quartier, des mondes de l’éducation, du sport et de la création, qui travaillent au jour le jour pour le développement de notre ville, qui répondent à l’urgence sociale d’une population touchée durement par la crise.

Ce travail-là, pas forcément le plus spectaculaire, ni le plus visible, renforce la cohésion sociale et la solidarité, traits de caractère et identité de Vénissieux.

Inutile de préciser qu’en 2010 cet engagement a été précieux, vital, car, comme dans l’ensemble des villes populaires, les jeunes, les familles monoparentales, les personnes âgées ont été les premiers à ressentir les effets dévastateurs de la gabegie du monde financier et de la spéculation.

Nous tenons le choc car nous ne transigeons pas sur les missions de service public de proximité, car nous n’imaginons pas le développement et l’avenir de notre ville sans l’implication et l’adhésion de ses habitants.

Vénissieux est une mosaïque de quartiers, de populations, d’âges et classes sociales, ça fait sa force, mais surtout, cette mosaïque forme un ensemble, une entité renforcée par le sens de l’intérêt général pour lequel l’équipe municipale se bat sans relâche.

L’attraction immobilière retrouvée de Vénissieux, signe d’un dynamisme prometteur pour l’avenir, est renforcée par l’assurance qu’ont les populations d’y trouver des structures pour la petite enfance, des clubs, des associations très présentes, des équipements publics modernes, accessibles et de qualité.

Le cinéma Gérard Philipe, pour ne citer que lui, en est la parfaite illustration. La fréquentation a doublé depuis sa réouverture en avril 2009, passant de 40 000 entrées à 80 000 cette année : preuve que la volonté et l’ambition de ne pas céder sur le terrain d’une culture populaire porte ses fruits. Force et vertus d’une politique de solidarité, d’une politique qui casse les murs de la discrimination territoriale, les murs de l’argent, les murs de la ségrégation.

On ne peut avoir un tramway à inaugurer tous les ans, mais je peux vous dire que les programmes réalisés ou lancés en 2010 ont été très très nombreux. Vénissieux est tiré par le haut, son avancée indéniable, spectaculaire et rassurante, rassurante car régulière.

En matière énergétique, c’est la chaufferie bois maintenant opérationnelle et bientôt une chaufferie gaz, deux éléments moteur pour mettre fin à la dépendance au fuel et aux matières premières polluantes.

Ce sont nos efforts considérables pour le logement, logement social bien sûr, mais aussi logement que je qualifierais de « raisonné », afin d’offrir une diversité de parcours résidentiels aux Vénissians notamment.

Ce sont toutes nos actions pour améliorer le cadre de vie, nos campagnes de sensibilisation pour une ville plus propre donc plus agréable à vivre.

C’est Vénissy et Parilly, et c’est demain le programme ambitieux du groupe scolaire Joliot Curie, le lycée Jacques Brel et le Puisoz, le fameux site du Puisoz qui avance et pour lequel un groupe de travail œuvre afin d’en faire un projet phare, mais aussi homogène et cohérent. Ce sont là plus que des promesses pour l’avenir, ce sont des balises, des phares qui tirent par le haut notre ville, qui l’embellissent, en changent le visage sans en modifier l’âme. Mon engagement politique est à l’image de mon engagement de femme et de citoyenne : je crois à la force des combats que nous avons à mener. Langage de sincérité, langage de vérité à l’adresse des Vénissians.

Bosch, avec une victoire en trompe l’œil, Véninov, Saint-Jean Industries (je n’ai pas la mémoire courte, surtout quand on humilie à ce point les salariés, hommes et femmes jetés comme des malpropres) : mes inquiétudes, et mes colères aussi, sont vives, je ne vous le cacherai pas.

Sous couvert de compétitivité et de délocalisation, l’Etat abandonne bien plus que l’industrie française, il se rend complice de la perte de notre savoir-faire, de la perte de notre outil de production et de la mise en friche de certains territoires.

C’est grave, extrêmement grave, et je demande solennellement à tous les Vénissians, aux forces politiques, économiques, syndicales, de se battre ensemble contre la liquidation de notre patrimoine, de faire pression sur l’Etat et l’Union Européenne pour stopper net cette saignée.

Que veut-on faire de notre pays ? Un parc d’attractions géré par des technocrates ou une nation moderne, dynamique, ouverte, produisant des richesses et sachant les partager, investissant dans la recherche, dans la formation de sa jeunesse, dans les filières d’avenir, dont l’industrie fait partie.

Mon deuxième appel en ce début d’année, il s’adresse à l’ensemble des habitants, encore sous le choc du sinistre qui a ravagé le centre nautique. Nous partageons tous l’émotion, la tristesse et l’amertume d’avoir perdu un équipement public qui a fait la joie et contribué au vivre-ensemble de plusieurs générations de Vénissians.

Que les choses soient claires, je ne supporte pas et notre population n’a pas à supporter la banalisation d’actes criminels, aussi stupides que dangereux, qui pénalisent les sportifs, familles, jeunes et enfants et le personnel du CNI.

Il nous faut être plus solidaires, plus unis encore pour dire non à cette violence gratuite, aveugle, qui ronge la vie de nos quartiers, de nos villes, de nos agglomérations. L’assurance que je peux donner aux Vénissians, c’est que nous sortirons plus forts, et par le haut, de ce sinistre intolérable.

Notre société, ses institutions aussi, sont à bout de souffle. Elle étouffe et s’écroule sous le poids du matérialisme et de l’individualisme forcené de ces dernières décennies. Le chantier qui s’ouvre à nous est immense car il ne s’agit pas de réparer ce qui ne fonctionne pas, mais de réinventer autre chose, là où ça ne fonctionne plus depuis bien longtemps.

Remettons l’homme à la place d’où le capitalisme financier l’a chassé : au cœur de nos sociétés, au cœur de l’action, des projets et de la pensée politiques, au cœur du développement économique, social, environnemental.

Remettons la femme aussi sur le chemin de l’émancipation, car ses droits et son identité même sont devenus la cible des forces rétrogrades, populistes et obscurantistes.

Remettons le beau et grand principe de laïcité au cœur du « vivre ensemble » et comme garde-fou à l’intolérence, au rejet et à l’intégrisme.

Remettons la force du pacte républicain dans nos villes, nos quartiers, dans nos zones rurales, nos écoles, nos universités, nos hôpitaux, partout où se joue le devenir de l’homme, partout où se joue sa dignité.

Remettons la singularité des utopies, des grandes et petites idées pour gripper le formatage de la pensée unique, du fatalisme de la mondialisation, du « on ne peut rien changer ». Redonnons du souffle à une société figée, repliée, recroquevillée, apeurée.

En quoi les lendemains à construire devraient-ils nous effrayer ? En quoi l’avenir ne serait-il pas porteur d’espoirs, de conquêtes et d’avancées humaines ?

Le pire des chemins à emprunter, c’est celui de la résignation, c’est celui de fermer les yeux, de la lâcheté complice qui consiste à maintenir en l’état une société que l’on sait sclérosée, décomposée.

Il y a 110 ans naissait Ambroise Croizat, le «Ministre des Travailleurs », comme le peuple français allait le surnommer par la suite. Il y a 65 ans, cet homme fondait la sécurité sociale et le système des retraites. Il voulait, je le cite, « en finir avec la souffrance et l’angoisse du lendemain » et il y est parvenu. Il se souvenait des mots de son père, qui ont forgé ses convictions et qui forgeraient bien les nôtres en ce début d’année : « Ne plie pas petit. Marche dignement. Le siècle s’ouvre pour toi ».

Je vous remercie.

Avant de partager ensemble un moment de convivialité autour du buffet, j’aimerais qu’on ait une pensée pour les otages détenus partout dans le monde, en particulier pour les familles des deux jeunes Français, lâchement assassinés le week-end dernier, au Niger. Sans oublier la répression et le bain de sang qui frappent la jeunesse tunisienne.

voeuxassosperso18012011

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