50 ans de bibliothèque municipale

… »Entre les livres et la ville de Vénissieux, il n’a jamais été question d’une union de raison, mais d’une même passion, d’un même souci de démocratisation. « …

« On n’habite pas un pays, on habite une langue. Une patrie, c’est cela et rien d’autre. » On pourrait ajouter à cette citation de Cioran, qu’habiter une langue, c’est habiter des mots, ces mots qui nous construisent dans notre relation à l’autre, et dans notre relation à nous-mêmes.

Entre les livres et la ville de Vénissieux, il n’a jamais été question d’une union de raison, mais d’une même passion, d’un même souci de démocratisation. Toujours un livre à portée de main, toujours un livre à portée de chacun et de tous les territoires. Nous avons considéré depuis bien longtemps, que la lecture constituait le socle des connaissances, d’une citoyenneté à venir, et la voûte de notre imaginaire commun, de la création, du vivre ensemble.

Mais que l’on ne se trompe pas, derrière les intentions, il y a les actes, et ce choix de faire de la culture, un levier de l’aménagement d’une ville populaire, est un combat, un combat politique. En matière de livre, au défi de sa démocratisation s’est subsisté le défi de sa présence, dans une société noyée d’écrans, une société de l’instant. 50 ans, 50 ans de vie pour la bibliothèque municipale de Vénissieux, afin d’amener le livre au plus grand nombre.

Notons qu’elle fut précédée par deux bibliothèques populaires communales, en 1926, la première installée dans le bâtiment des gardes champêtres, dans la cour de l’ancienne Mairie, et en 1928, dans l’école pour garçons du Moulin à Vent. C’est en décembre 1965, que le conseil municipal décide de rénover le règlement de ces bibliothèques, et que l’Inspection Générale des Bibliothèques leur reconnaît alors, le statut de véritables bibliothèques municipales, en 1966.

La bibliothèque municipale a connu différents sites : implantation à la Maison du peuple, dans les années 60, dans un local au 83 boulevard Ambroise Croizat, en 1970, puis au rez-de-chaussée de l’Hôtel de ville, à sa construction, en 1975. En parallèle, des bibliothèques de quartier se développent : dans le quartier Moulin à Vent, dès 1966, puis aux Minguettes, en 1974, en lien avec la construction de ce quartier (la Pyramide en 1974 et Anatole France en 1985).

Il convient de saluer l’engagement de Madame Thérèse Rechatin, qui fut adjointe à la culture de la ville pendant plusieurs années, et qui a contribué aux évolutions de la bibliothèque municipale.

Enfin, c’est à la fin des années 90, avec le développement de Vénissieux, que naît la volonté de construire une authentique médiathèque, avec, en 2001, l’inauguration de la médiathèque Lucie-Aubrac. Situé au cœur de la ville, le bâtiment de Dominique Perrault, Grand prix d’architecture, incarne les moyens accordés, par l’équipe municipale, à l’accès pour tous au savoir, via de nombreux supports : livres, CD, DVD, supports numériques…

Là encore, ce fut un combat politique, pour la majorité de l’époque. Son emplacement, qui avait suscité de nombreux débats, s’est avéré un choix judicieux, dans la mesure où beaucoup d’éléments sont venus s’agréger, pour faire naître, en moins de dix ans, un nouvel axe structurant de notre Ville.

Notre Médiathèque traduit ce souci constant de démocratisation culturelle, qui se manifeste par la richesse et l’ampleur des collections, le travail des nombreux agents qui œuvrent dans cet équipement, et une politique tarifaire qui permet à chacun, d’accéder à ces contenus (le coût d’emprunt des documents étant gratuit jusqu’à 25 ans, et de 8,70€ par an après 25 ans). La volonté de mailler le territoire, et d’aller au plus près des habitants, est réelle, avec le maintien de bibliothèques de quartier, car la lecture publique est un véritable réseau, à Vénissieux.

Notre volontarisme a payé, et nous pouvons en être fiers. En 2014, notre réseau comptait 7 669 inscrits actifs (inscrits ayant effectué au moins un prêt dans l’année), soit un taux d’inscription de 12,75 % de la population.

La hausse du nombre d’inscrits, initiée en 2013, se poursuit donc en 2014 (+ 6,5%). Le nombre d’usagers fréquentant le réseau de lecture publique, poursuit sa progression en 2014. Le nombre d’entrées à la médiathèque, et dans les bibliothèques de quartier, a ainsi augmenté de 8%, avec plus de 185 000 entrées. Le nombre de sessions de consultation Internet, dans les salles multimédias, est passé de 24 478 en 2013 à 32 444 en 2014, soit une hausse de 33%. Il faut mettre ces résultats en parallèle, avec la situation en France. Dans un rapport de l’inspection générale des Bibliothèques, les inégalités territoriales sont mises à l’index. 55% des communes, soit plus de 11 millions de personnes, ne disposent d’aucun lieu de lecture publique.

Par ailleurs, il existe encore plusieurs dizaines de villes de plus de 10 000 habitants, qui ont des bibliothèques très largement sous dimensionnées, voire aucune bibliothèque. D’où la nécessité également de s’opposer aux politiques d’austérité, qui frappent les territoires, les habitants, le vivre ensemble, et qui vont laisser derrière elles, des déserts culturels encore plus prononcés, et remettre en cause le principe de continuité territoriale.

Jusqu’au 28 mai, la Médiathèque Lucie Aubrac proposera toute une programmation, dont une exposition rétrospective et historique, inaugurée ce soir, intitulée « Liberté, égalité, fraternité… lisez ! 1966-2016, 50 ans de bibliothèque municipale ».

Je voudrais saluer le partenariat, entre les ateliers d’arts plastiques Henri-Matisse et la Médiathèque, ainsi que les réalisations conçues par les enfants et leur enseignant, Azzouz Seffari. Mettre en exergue l’installation originale et participative, appelée « L’instantané », réalisée par les lecteurs, avec le concours d’une artiste plasticienne, Aurélie Gaillard. Cette effusion et cette synergie, entre les équipements et entre les agents, prouvent que la culture est en mouvement à Vénissieux, bien vivante, et que le livre, dans nos bibliothèques, mais aussi à travers la belle énergie de l’Espace Pandora, les Boîtes à lire, y occupe une place centrale.

Je n’oublie pas non plus la convention que nous avons passée avec la maison d’arrêt de Corbas, pour faire de l’accès au livre, la voie d’une prochaine insertion. Oui, une civilisation du livre est une civilisation du progrès.

Alors bon anniversaire à nos bibliothèques municipales, et bravo aux lecteurs vénissians, toutes générations confondues.

Je vous remercie.

X