19 mai 1935 – 19 mai 2015 ou 80 ans de gestion  municipale à direction communiste !

 

Il y a 80 ans, Ennemond Romand devient  maire de Vénissieux, le premier maire communiste. Le 5 mai 1935, la liste qu’il conduit arrive en tête au premier tour des élections municipales. Une semaine plus tard, les communistes l’emportent  avec près de 50% des suffrages et le soutien de la SFIO, qui en vertu de l’accord passé s’était désistée.

Ennemond Romand accède à ses responsabilités dans un contexte  difficile marqué par la montée du fascisme sur la scène internationale et celle de l’extrême droite en France. Contre ces dangers, le PCF et la SFIO  décident l’unité d’action,  tout comme les confédérés et unitaires qui se réunifient. Dans une période de crise où les questions sociales se posent avec acuité, le mécontentement  s’exprime partout dans le pays.

Le résultat des élections municipales confirme la constante progression des voix communistes à chaque élection depuis 1932. La guerre de 1914-1918 a transformé  le territoire semi-rural en cité industrielle où 80 % des habitants sont des ouvriers.  Le nouveau conseil municipal est à l’image de la population vénissiane, des élus issus des usines, en prise avec la réalité du terrain. En 1935, Ennemond Romand, avec son équipe, porte les espoirs des travailleurs vénissians.

Je ne sais pas dans quelle mesure  les Vénissians réussissent à façonner un maire et une majorité à leur image, mais ils y parviennent. Ennemond Romand, un voyageur de commerce comme l’on disait à l’époque, qui habite le quartier Moulin-à-Vent, est une personnalité du PCF local. Cet ouvrier militant a mené avec ses camarades un travail de longue haleine pour l’implantation de cellules sur les quartiers et dans les entreprises.

L’équipe municipale sera activement solidaire des luttes de l’époque contre les lock-out, les licenciements, les fermetures d’usines. Aux côtés d’Ambroise Croizat, secrétaire de la Fédération des Métaux, Ennemond Romand, maire de Vénissieux et son premier adjoint, Louis Dupic apporteront leur soutien aux travailleurs de chez Berliet lors des grèves de 1936. D’ailleurs, dès le 20 septembre 1935, le Front populaire avait son comité local.

Justice sociale et solidarité ne sont pas des vains mots dans l’histoire de la ville. La récession économique des années 30 a des conséquences localement sur le plan social avec des milliers d’emploi sacrifiés, plongeant des familles vénissianes dans la misère. Mais c’est aussi un coup dur pour les finances de la ville. Selon Ennemond Romand , la fermeture d’usines entraine un manque à gagner en terme de recettes fiscales équivalent à 10% du budget prévisionnel de 1936. Incarnant déjà le caractère rebelle de Vénissieux, Ennemond Romand soumettra un budget déficitaire, refusant une hausse des impôts communaux.

Le 7 octobre 1939, en application d’un décret, le conseil municipal présidé par Ennemond Romand, premier maire communiste, est destitué, tous comme l’avait été juste avant celui de Villeurbanne, l’autre municipalité communiste de la région lyonnaise. La répression communiste est en marche. Le Préfet installe une délégation spéciale. L’histoire réserve parfois des similitudes inattendues…

Ennemond Romand est interné, puis assigné à résidence surveillée. Il meurt à l’hôpital Edouard Herriot en mai 1944. De nombreux Vénissians assistent aux funérailles pour lui rendre un dernier hommage. Les cheminots en lutte contre l’occupant, saisissent l’occasion pour organiser discrètement une collecte en solidarité aux familles des camarades arrêtés, déportés ou fusillées.

A la Libération, le Comité de Libération rétablit l’ancienne municipalité dans ses fonctions. Les élections de mai 1945 ne démentiront pas la confiance que les Vénissians ont accordée à l’équipe d’Ennemond Romand en 1935. La liste communiste, conduite par Louis Dupic, sera élue avec 54% des suffrages. Cette même année, les femmes obtiennent le droit de vote. Marie-Thérèse Romand, son épouse, sera une des cinq femmes élues au conseil municipal. Symbole de toutes les luttes menées, le nouveau conseil municipal accueille parmi ses élus nombre de syndicalistes, militants politiques ouvriers, résistants.

L’actualité récente de notre commune a été marqué par les attaques de nos détracteurs qui ne poursuivaient qu’un seul objectif : mettre fin à 80 ans de communisme, en oubliant au passage les nombreux élus de toute la gauche qui ont participé et participent encore à la gestion progressiste de notre ville. Des femmes et des hommes engagés au service de l’intérêt général et du vivre ensemble, acteurs des politiques de proximité utiles à tous les Vénissians, en matière d’éducation, de santé, d’emploi, de solidarité, …

Au lendemain des élections municipales de 1935, Louis Dupic écrivait dans une lettre intitulée L’Unité d’Action à triomphé à Vénissieux,

« Nous aurons la possibilité de démontrer à tous les détracteurs du communisme que nous sommes aussi des réalisateurs. »

80 ans après, nous pouvons tous constater le chemin parcouru par les équipes qui se sont succédé pour construire Vénissieux la Belle, Vénissieux la Rebelle. Dans leur sillage, nous poursuivons ce travail, fidèles aux valeurs qui fondent l’identité vénissiane, l’humanité, la solidarité, la combativité, la générosité, la probité et  l’humilité.

 

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